Kaijû Girl Carameliser – Tome 1

C’est le 5 octobre 2022 que les éditions Ototo ont annoncé en grande pompe l’arrivée de Kaijû Girl Carameliser, un shōjo manga complètement barré où l’héroïne, sous l’influence de sentiments forts, se transforme en un ersatz de Godzilla. Ce manga à la croisée des genres est l’œuvre de la dessinatrice Spica Aoki et compte actuellement six volumes au Japon. Dans nos contrées, le monstre géant vient d’atterrir avec un premier tome disponible en librairie depuis le 28 octobre 2022. Alors prenez une grande inspiration et répétez après moi : “AAAAAAAAAAAHHHHH !”

"Kaijû Girl Carameliser" tome 1 Affiche

Girlzilla

Kaijû : littéralement “bête étrange”, les kaijû sont d’immenses créatures surpuissantes semant le chaos. Ils sont d’origine surnaturelle, mais l’activité humaine peut avoir une influence sur leur apparition.

Entre amour et destruction, découvrez une comédie romantique d’un nouveau genre !

Kuroe souffre depuis toujours d’une maladie transformant des parties de son corps au gré de l’intensité de ses émotions. Mais la lycéenne, jusqu’à présent solitaire, essayant tant bien que mal d’éviter aussi bien celles et ceux qui la méprisent que les autres, va se transformer en créature gigantesque au contact du garçon le plus populaire, son crush, Arata Minami.

Ototo 
"Kuroe" à une étrange maladie

Dans Kaijû Girl Carameliser, nous suivons l’histoire de Kuroe, une jeune lycéenne qui possède une particularité unique : depuis sa plus tendre enfance, quand elle ressent des sentiments puissants comme la colère, la peur ou encore l’amour, des parties de son corps se transforment. Entre ses mains qui deviennent des griffes, des pics qui lui sortent du dos ou une queue qui pousse de façon intempestive, on comprend aisément que Kuroe s’isole des autres et se force à une vie solitaire éloignée de toute émotion forte.

Mais ce quotidien terne et ennuyeux est sur le point de basculer quand Arata Minami, le beau gosse de sa classe et garçon hyper populaire auprès de la gente féminine, tente de se rapprocher d’elle. D’abord réticente à l’idée de laisser le garçon approcher, Kuroe va petit à petit s’ouvrir à lui et ses sentiments vont en être chamboulés à tel point qu’après un rendez-vous avec Arata, l’adolescente va se transformer totalement en un gigantesque Kaijû. Ce n’est que lorsqu’elle verra la façon dont les gens la regarde qu’elle s’enfuira en plongeant dans le fleuve.

Re'transformation en fille dans "Kaijû Girl Carameliser"

Ramenée à la maison par sa mère qui semble en savoir long sur sa “maladie”, Kuroe décide de s’éloigner de Minami pour le protéger, mais aussi pour protéger la ville. Toutefois, le beau gosse ne semble pas l’entendre de cette oreille et Kuroe aura fort à faire pour préserver son secret, entre la jalousie des filles de sa classe et les attentions de plus en plus soutenues de Minami. Heureusement, elle va trouver une alliée providentielle en la personne de Manatsu, une fan de Kaijû qui croit dur comme fer que Kuroe est la prêtresse de Harugon (nom donné à la forme géante de Kuroe par les médias).

Trogne d’amour

Kaijû Girl Carameliser est la quatrième histoire sortie de l’imagination de Spica Aoki et est sérialisée depuis février 2018 dans le magazine mensuel de Seinen Monthly Comic Alive. Grande habituée des récits shōjo (Beasts of Abigaile, Devil ✮ Rock et Spree ✮Killer sont tous des shōjos), la dessinatrice était inquiète de proposer un projet à un magazine au lectorat essentiellement masculin. Comme elle le raconte si bien dans la postface du premier volume, n’ayant aucune idée de ce qu’elle pouvait faire pour une telle publication, elle s’est mise à déballer des pitchs au hasard et ce n’est que lorsque Spica a proposé l’idée d’une lycéenne qui se transforme en Kaijû que son éditeur a accepté.

"Minami" est la cause des transformations de Kuroe

Après un premier essai orienté shōnen, qui fut refusé par la rédaction, son éditeur lui conseilla de revenir sur une œuvre plus shōjo, style que la mangaka maîtrise parfaitement. C’est ainsi qu’est née Kuroe et ses déboires sentimentaux qui prennent des proportions gigantesques. Le succès est immédiat et, quelques mois plus tard, le 23 juin 2018, la société Kadokawa Shoten a commencé à sortir des volumes reliés de la série qui est toujours en cours au pays du soleil levant.

Paré de dessins typiques du genre mais très maîtrisés et assez beaux, le manga nous déroule une intrigue assez rythmée qui pose son contexte avec une efficacité redoutable. Débordant de fleurs, de cœurs et de bon sentiments, les planches restent malgré tout très lisibles et dégagent une impression de douceur, notamment via le visage rond et les grands yeux de ses protagonistes. Mais est-ce vraiment tout ? Loin d’être un banal manga romantique, Kaijû Girl Carameliser semble cacher un double sens de lecture et c’est bien ce qui le rend intéressant.

Tokyo crush

Après une première lecture rapide de Kaijû Girl Carameliser tome 1 (dont j’avais aimé le côté barré et original), j’ai entrepris de me renseigner sur son auteure et sur ses productions précédentes. Ce faisant, je suis tombée sur Beasts of Abigaile, qui traite d’une jeune fille ne contrôlant pas ses transformations en loup-garou, et je me suis aperçue que Aoki avait tendance à mettre un sous-texte dans ses œuvres. J’ai donc relu Kaijû Girl Carameliser tome 1 avec un œil neuf et je me demande encore comment cela a pu m’échapper lorsque j’ai parcouru les pages la première fois.

Kuroe est sur le point de succomber au charme de Minami dans "Kaijû Girl Carameliser"

En réalité, Spica Aoki se sert de Kuroe et de ses transformations pour aborder un sujet qui touche tout un chacun à un moment ou à un autre (et à un degré plus ou moins important) : le mal-être que l’on peut ressentir dans son propre corps qui en devient à nos yeux étranger voire monstrueux. Au-delà de Kuroe, Minami a également connu le rejet au collège quand il était gros et moqué pour cela. Bien que ses problèmes soient moins importants que ceux de l’héroïne, ils expliquent facilement pourquoi il cherche à se rapprocher d’elle et en fait le candidat idéal pour accepter la jeune fille telle qu’elle est.

Car au final, on s’aperçoit très vite que la solitude dans laquelle est enfermée l’adolescente n’est pas un choix et que si Kuroe se transforme entièrement sous l’influence de l’amour, c’est sûrement parce qu’au fond elle rêve que même connaissant sa vraie forme les gens l’acceptent entièrement telle qu’elle est. Le chemin semble encore long, mais ce n’est pas bien grave puisque je suis bien décidée à suivre le même sentier en direction du tome 2.

Pour conclure…

Kaijû Girl Carameliser tome 1 est un shōjo assez typique dans sa construction mais très original dans son scénario. De plus, il apporte une métaphore assez fine des problèmes adolescents (bien que pour certains cela continue à l’âge adulte) où l’on se considère comme un “monstre” et où son estime de soi est mise à mal à cause du regard des autres. Une histoire romantique à double niveau de lecture qui saura vous emporter en attendant le volume 2 à paraître le 28 novembre 2022.

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