La Dame de la Chambre Close

Déjà disponible au catalogue de l’éditeur depuis 2004, La Dame de la chambre close fait aujourd’hui l’objet d’une édition originale en plus grand format et agrémentée de quelques pages couleurs. Une façon pour Glénat de remettre un coup de projecteur sur cette œuvre fondatrice de Minetaro Mochizuki, auteur de Dragon Head. C’est donc depuis le 19 avril 2023, que les lecteurs ont pu croiser le chemin de cette mystérieuse femme, au détour d’un one-shot aussi malaisant qu’effrayant. Nous avons eu le courage d’ouvrir la porte et voici ce que nous en avons pensé.

"La Dame de la chambre close" couverture

Le mystère de la chambre close

Toc toc toc, je suis là…

Alors que Hiroshi s’était enfin décidé à déclarer sa flamme à la fille qu’il aime, le voilà harcelé par… Cette inconnue. S’il n’était pas sorti ce soir-là pour vérifier ce qu’il s’y passait, cette grande femme à l’imperméable lugubre ne serait jamais entrée dans sa vie ! Qui est donc cette inconnue qui s’invite chez lui ? Pourquoi l’appelle-t-elle à toute heure du jour comme de la nuit ? Que lui veut-elle et pourra-t-il lui échapper ? 

Minetaro Mochizuki signe cette histoire fantastique en 1993, deux ans avant sa série culte Dragon Head. Déjà son talent hors pair et son sens du suspense explosent à chaque page. Et ses traits si particuliers nous plongent avec facilité dans une ambiance glauque et angoissante. Ce one-shot, grand classique du manga horreur-fantastique apportera son lot de frissons à tous ceux qui veulent (re)découvrir la légende urbaine de la femme qui sonnait aux portes.

Glénat
"Hiroshi" vit une vie banale
© Minetaro Mochizuki / Kodansha Ltd.

Hiroshi est un jeune étudiant, tout ce qu’il y a de plus banal, dont les préoccupations tournent autour de ses cours à la fac et de Rumi, une jolie jeune fille au sourire ravageur dont il est amoureux. Une nuit, il entend quelqu’un s’acharner sur la porte de son voisin absent. Sonnette, coups frappés, ce tintamarre nocturne force notre héros à ouvrir sa porte pour découvrir l’origine du vacarme et il se retrouve alors face à face avec une femme très grande aux longs cheveux noirs, en pardessus. Alarmé par son aspect négligé et son comportement étrange, le jeune homme lui indique que celui qu’elle cherche est absent et rentre dans sa chambre sans plus de cérémonie.

"La femme" étrange qui va devenir le pire cauchemar du héros
© Minetaro Mochizuki / Kodansha Ltd.

Malgré cela, la femme continue son manège jusqu’au petit matin, empêchant l’étudiant de fermer l’œil. Le lendemain soir, de retour du travail, Hiroshi va recroiser l’étrange inconnue qui va lui demander de lui prêter son téléphone. De plus en plus mal à l’aise face à elle, il va la faire entrer dans son appartement pour accéder à sa requête, histoire d’être certain de s’en débarrasser le plus vite possible. Mais ce qu’Hiroshi ignore encore, c’est que ce n’est que le début et qu’un harcèlement insidieux vient de se mettre en place. Plongé dans les affres de l’angoisse, l’étudiant va se retrouver confronté à de nombreuses questions : Pourquoi lui ? Qui est cette folle ? Et surtout comment faire pour qu’elle le laisse en paix ? Notre héros ne va pas tarder à trouver la réponse à ses interrogations… Mais pas sûre qu’elles lui plaisent !

Tout commence par un bvruit de sonnette dans "La Dame de la chambre close"
© Minetaro Mochizuki / Kodansha Ltd.

Lisez un extrait de La Dame de la Chambre Close ici !

The Ghost writer

Si le nom de Minetaro Mochizuki vous dit quelque chose, ce n’est pas vraiment une surprise puisqu’il s’agit de l’auteur de Dragon Head, manga en 10 volumes, publié aux éditions Pika. Ce manga, sans doute son œuvre la plus connue dans nos contrées, nous conte la plongée en enfer de trois adolescents, coincés dans un tunnel après une catastrophe ferroviaire et qui vont devoir lutter pour survivre et ne pas sombrer dans la folie. Voilà qui respire le refrain connu non ? En effet, La Dame de la chambre close est en fait antérieure à Dragon Head et a servi de base à l’auteur pour s’essayer au genre horrifique. C’est d’ailleurs suite à la publication de cette histoire que l’éditeur de Minetaro Mochizuki le pousse à persévérer dans cette voie, ce qu’il fera en créant Dragon Head.

"Dragon Head" couverture

Datant de 1993, on remarque d’emblée que les graphismes du mangaka sont moins aboutis que dans ses travaux postérieurs, mais l’ambiance et l’instillation de la peur y sont tout aussi efficaces. C’est par un jeu d’ombre et de gros plan ne laissant entrevoir que certains détails précis de la physionomie des protagonistes que l’auteur instille en nous un sentiment diffus de malaise qu’il va réussir à faire monter crescendo en même temps que les attaques de l’inconnue se font plus pressantes et plus graves. La mise en scène des cases est également un facteur clé, où la représentation de scènes de la vie quotidienne lumineuses et familières crée un contraste saisissant avec les évènements malaisants se passant de nuit.

Le temps lui-même est inquiétant dans "La Dame de la chambre close"
© Minetaro Mochizuki / Kodansha Ltd.

La mort aux trousses

En ce qui concerne La Dame de la chambre close, je dois avouer que j’ai choisi de traiter ce one-shot, uniquement à cause de son synopsis intrigant. Il est quasiment certain que si j’avais aussi vu son graphisme, je ne me serais jamais penchée sur cette œuvre… Et ça aurait été une monumentale erreur ! Bon, on ne va pas se mentir, je ne suis absolument pas fan du dessin de Minetaro Mochizuki, mais paradoxalement, c’est aussi ce qui fait tout le sel de ce manga. En effet, le trait si caractéristique du mangaka a la particularité de faire passer des situations ordinaires de la vie quotidienne aux évènements les plus inquiétants, rien qu’avec la physionomie de ses personnages, dont le visage prend des expressions plus qu’outrancières sous le coup d’émotions fortes.

Une fois la rencontre faite c'est le harcèlement qui commence dans "La Dame de la chambre close"
© Minetaro Mochizuki / Kodansha Ltd.

Si le récit est assez linéaire dans sa construction, dans le sens où le harcèlement de l’inconnue va s’amplifier au fil des pages pour atteindre son apogée à la fin de l’intrigue, la personnification de la menace, incarnée par cette grande femme dégingandée, est à mon sens bien plus intéressant. Durant la majeure partie de ma lecture, je n’ai jamais trop remis en doute le fait que l’inconnue ne soit un être humain passablement dérangé certes, mais tout de même de chair et de sang. Or, plus on avance dans l’histoire et plus le doute s’installe. Et si la stalkeuse était en fait bien plus que ça ?

La pression maintenue par l'inconnue est permanente dans "La Dame de la chambre close"
© Minetaro Mochizuki / Kodansha Ltd.

Quand on sait que La Dame de la chambre close est en fait basée sur une légende urbaine, on voit le one-shot avec un œil neuf et on se dépêche de le relire pour traquer la moindre subtilité incluse par M. Mochizuki dans les planches de son histoire. En tout état de cause, ce récit résonnera en vous tant il est nimbé d’une réalité telle que pourrait en connaître chacun d’entre nous et c’est ce qui le rend d’autant plus dérangeant, vous voilà prévenus.

Pour conclure…

Le moins que l’on puisse dire c’est que La Dame de la chambre close est un manga atypique, assez loin des standards de l’horreur japonaise. S’il reste intéressant de voir l’évolution du style de Minetaro Mochizuki, ce one-shot vous prendra à revers, sans finalement vous donner toutes les réponses aux interrogations qu’il a suscitées. Mais si cela ne vous rebute pas, je vous conseille fortement de découvrir ce manga aussi perturbant que fascinant. Tiens ça sonne en boucle chez le voisin… Je vous laisse, il faut que j’aille voir !

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