La ligature des trompes – Mon expérience

Bonjour à toutes ! Hé oui, si des membres de la gente masculine nous suivent, pardonnez-moi mais aujourd’hui je vais m’adresser à ces dames.

J’aimerais vous partager mon expérience sur la ligature des trompes, sur comment j’en suis arrivée à cette méthode de contraception définitive. Mon vécu avant l’opération ainsi que la partie post-opératoire.

Le moment de réflexion

la ligature des trompes

Nous voilà au commencement. Le moment de réflexion sur la ligature des trompes. Comment j’en suis venue à ce qui peut paraître pour certains une décision “extrême”.

Pour comprendre le pourquoi du comment, je vais m’étendre un peu et vous raconter mon histoire.


Depuis que je suis réglée, j’ai des cycles très longs, anarchiques, douloureux et hémorragiques (ce qui fait que je suis souvent anémiée). Comme pour beaucoup de jeunes filles, on m’a mise sous pilule pour réguler mes cycles, sans même chercher le pourquoi du comment.

Première grossesse

Plus tard, quand j’étais prête à devenir maman, j’ai arrêté la pilule. Mon corps a de nouveau “débloqué”, une fois de plus sans chercher les causes de ces troubles. Mais je suis tombée enceinte sans trop de difficultés.
Après mon accouchement, on m’a proposé différentes méthodes de contraception alternatives à la pilule. J’ai opté pour l’implant, pour la simple raison que cela m’évite de prendre un comprimé par jour, de mettre un rappel sur le téléphone et d’avoir la peur de l’oubli.

Premier problème, mon corps n’était pas d’accord pour l’implant et il me l’a fait savoir. Suite à la pose de ce dernier, je n’ai eu aucunes règles pendant neuf mois. Jusqu’au jour où… je fis une hémorragie. J’appelle mon gynécologue qui me donne un rendez-vous en urgence. Il me donne un comprimé à prendre tous les jours qui doit arrêter les saignements.

Deuxième problème, ça ne marche pas. Je finis aux urgences. Là, ils me retirent l’implant car c’est ce qui me cause l’hémorragie. Ok, me revoilà sous pilule.

Ma seconde grossesse

Le temps passe, j’ai envie d’être maman à nouveau. Cette fois, c’est plus compliqué. Ça ne fonctionne pas. Je consulte un autre gynécologue qui m’annonce que je souffre de SOPK (Syndrome des Ovaires Polykystiques). Il s’étonne qu’on ne m’en ai jamais parlé. Le protocole de stimulation ovarienne commence, les injections de Gonal et d’Ovitrelles vont devenir notre routine. Mais ça marche, me voilà maman pour la seconde fois. Après mon accouchement, je prends de nouveau la pilule.

Troisième et dernière grossesse

Puis l’envie d’avoir un troisième et dernier bébé arrive. Cette fois-ci, les choses se compliquent encore un peu plus. Le gynécologue m’a prévenu même si je n’ai pas encore 30 ans. Avec le SOPK, plus j’avance dans l’âge et plus cela devient compliqué de tomber enceinte. On recommence le protocole de stimulation. Ça ne fonctionne pas, c’est difficile, épuisant physiquement et moralement. Et bon, soyons honnête, se faire des injections dans le ventre tous les trois / quatre matins, c’est pas agréable. J’ai l’impression d’être une passoire.
Je n’y crois plus, on n’y croit plus. Nous décidons de laisser tomber. On se dit qu’on a de la chance d’avoir déjà deux enfants. Et là, tadam, ça y est, je suis de nouveau enceinte ! Alors qu’on avait arrêté tous les traitements.
Ma grossesse s’est plutôt bien passée, mais l’accouchement a été compliqué. On a dû rester hospitalisé plus longtemps que prévu. 

Évidemment, on m’expose de nouveau les différentes options contraceptives. Mais plus j’y réfléchi et moins j’ai envie de prendre la pilule. J’ai la sensation que ça « empoisonne » mon corps. Je n’aime pas l’idée d’ingérer des hormones de synthèse. De plus, je suis sûre de ne pas vouloir d’autres enfants. Je me dis que trois c’est déjà très bien. Je cherche donc sur Internet d’autres méthodes de contraception.

Le déclic

C’est là que je tombe sur des articles parlant de la ligature des trompes. Je vais être honnête, ça m’a fichu la trouille. Tout de suite, le pire était envisagé entre les grossesses extra utérines et les hémorragies… Vous l’aurez compris, ça ne donne pas vraiment envie.

J’ai laissé passer quelques temps avant d’en parler avec mon gynécologue. À vrai dire, j’appréhendais ce moment. En effet, même si c’est un spécialiste très gentil, il me paraissait un peu vieux jeu. Finalement, lors de notre échange, il s’est montré très rassurant (comme quoi l’habit ne fait pas le moine). On a évoqué les différentes méthodes de ligature, le délai légal de réflexion et évidemment le côté irréversible de cette opération.

L’opération de ligature des trompes

La ligature des trompes, dossier hospitalier

Avant l’opération

Lors du rendez-vous avec mon gynécologue, j’ai signé le papier de délai de réflexion. Il a une durée de 4 mois qui nous sert à changer d’avis si on le souhaite. Sinon, il faut juste attendre que ce délai soit passé pour programmer l’opération. Dans mon cas, j’ai accouché en mai. Mon gynécologue a simplement préféré attendre 6 mois post accouchement afin que mon corps soit bien remis pour fixer la date de l’opération. Ma ligature des trompes était donc prévue pour le mois de Novembre.

Bon, il s’avère que le chirurgien chargé de l’opération était indisponible au dernier moment. Après deux reports, on m’a donc redirigée vers un autre chirurgien. J’ai donc été opérée en Janvier. Si vous vous posez la question, mon anniversaire est aussi lors de ce mois-ci, j’ai donc eu 30 ans révolus quand je me suis faite opérer mais j’aurais dû le faire à 29 ans, c’était simplement le hasard et non la limite d’âge pour la ligature des trompes.

L’opération

J’ai été opérée à l’hôpital public par un chirurgien général. L’opération dure 30 minutes et se passe en anesthésie générale et cœlioscopie. Il y a trois incisions de faites, une au nombril et une de chaque côté du bas ventre, au niveau des trompes.  Ce n’est donc pas trop invasif. Il existe plusieurs types de ligature. Pour ma part, la méthode choisie a été la cautérisation. C’est en chirurgie ambulatoire, on entre donc le matin à l’hôpital et on sort le soir même.

J’ai été ramenée dans la chambre après être passée par la salle de réveil.

Une fois en chambre, les infirmières ont surveillé le fait que je puisse manger et me lever, puis je suis rentrée chez moi (accompagnée de mon mari).

Post Opération

Après l’opération, on ne peut rentrer seule ni le rester cette nuit-là. Un adulte doit être auprès de nous. Même si ça se déroule en chirurgie ambulatoire, ça reste une opération en anesthésie générale avec les risques habituels que cela implique.

J’ai eu un appel de l’hôpital le lendemain pour s’assurer que tout allait bien.

Autre contre-indication, on ne peut pas porter de poids (voyez avec votre spécialiste qui saura vous indiquer le maximum de charge toléré et la durée de cette contre-indication).
Au niveau des douleurs, les premiers jours ont été difficiles, je marchais courbée. Je ne pouvais simplement pas me redresser. Mais cela passe relativement vite, surtout quand on respecte bien les indications et ordonnances données par le personnel médical.
Les sutures, elles, se résorbent seules. C’est du fil chirurgical qui se désagrège au bout d’un certain temps. J’ai eu quelques points sous la peau et d’autres à l’extérieur.

Un an après, les cicatrices sont presque invisibles et je ne ressens aucune douleur.

la ligature des trompes, les pansements après l'opération

Je vous laisse la parole

Je voulais partager avec vous les réponses que j’ai obtenues à mon questionnaire sur la ligature des trompes et remercie chacune d’entre vous, vous avez été nombreuses à participer.

Sondage

  1. Vous êtes-vous fait ligaturer les trompes?
    Oui : 16,7%
    Non : 83.3 %
  1. Si non, est-ce que vous l’envisagez ?
    Oui : 38.1%
    Non : 61.9%
  1. En avez-vous déjà parlé avec un professionnel ?
    Oui : 30.4%
    Non : 69.6%
  1. Selon vous, quel âge faut-il pour pouvoir se faire ligaturer les trompes ?
    Minimum 18 ans : 30.4%
    Minimum 30 ans : 30.4 %
    40 ans : 8.7 %
    Autre : 30.5 %
  1. Selon vous, quel nombre d’enfant(s) faut-il avoir afin de pouvoir prétendre à la ligature des trompes ?
    Aucun : 66.7 %
    1 enfant : 4.2 %
    2 enfants : 16.7 % 
    3 enfants : 12.5 %
  2. Avez-vous des questions à ce sujet ?
    Oui : 26.1%
    Non : 73.9 %

Vos témoignages à propos de la ligature des trompes

  • J’ai demandé cette intervention après mon 3ème enfant, à l’âge de 31 ans. Refus de mon gynécologue de l’époque qui me trouvait trop jeune (mon mari voulait une vasectomie, refusée pour la même raison). Le gynécologue ayant de bons arguments (qui revenaient tous plus ou moins à « on ne sait pas de quoi demain sera fait…), nous nous sommes rangés à son avis. 10 ans plus tard, nous n’avons pas eu/voulu d’autres enfants. Je n’ai pas redemandé à subir cette intervention (plus trop envie de passer sur la table d’opération) et nous avons dû adopter un autre moyen de contraception qui nous convient.
  • Mon gynécologue n’a pas voulu que je fasse l’opération de ligature de trompe parce que j’étais soit disant trop jeune (30 ans). Il serait tant que les femmes soient mieux informées !
  • L’année dernière, je souhaitais me faire ligaturer les trompes. Le chef de service a refusé tout bêtement car je n’avais QUE 35 ans et que c’était à Monsieur de se faire faire une vasectomie car je devais comprendre que si je devais refaire ma vie peut-être que ma décision changerait…. Pourtant, à l’heure où j’écris, je le souhaite toujours et attends de futurs rdv ailleurs.
  • J’aimerais le faire après avoir eu des enfants car les méthodes de contraception me font toutes des effets secondaires. Quels sont les bénéfices (mis à part la stérilité désirée) ?
  • Après mon 3ème enfant, j’ai parlé à mon médecin traitant de mon souhait et il m’a gentiment tourné vers mon gynécologue. J’ai aujourd’hui 32 ans, bientôt 33 ans, et lors de mon dernier RDV gynécologue, j’ai parlé de mon souhait de me faire ligaturer les trompes et sa réponse a été « vous êtes trop jeune« . Cela fait 4 ans que je le souhaite et c’est mûrement réfléchi. On me le refuse dû à mon âge.
  • Après une cardiomyopathie dilatée post partum, on m’a demandé de me faire stérilisée car j’ai 50% de risque de mourir si nouvelle grossesse. On m’a donc cautérisé les trompes. J’ai refusé tout dispositif en métal.
  • Je demande à mon gynécologue de me faire ligaturer les trompes, et non je ne respecte pas les conditions n’ayant que 2 enfants mais franchement quand ta décision est réfléchie, j’ai du mal à comprendre pourquoi on ne nous laisse pas le choix. Surtout quand c’est bien réfléchi.
  • J’ai une amie qui s’est faite ligaturer les trompes il y a quelques années déjà, elle avait 35 ans. Elle a eu beaucoup de difficultés à faire accepter son choix à son gynéco qui a refusé à plusieurs reprises compte tenu de son âge. Le fait est qu’elle ne tolérait aucune pilule contraceptive ni aucun stérilet… Résultat, elle est tombée enceinte de nouveau et a beaucoup souffert de devoir avorterSuite à cela, le gynéco a accepté de pratiquer l’opération et ce fut pour elle un soulagement… Chaque personne est différente et dans certaines situations, la question de ligaturer ou non ne devrait pas se poser…

Vos Questions sur la ligature des trompes

  1. Est-ce que tes cicatrices sont discrètes ?
    Oui, elles sont presque invisibles et ne me gênent pas du tout au quotidien.
  2. Est-ce que tu as eu mal ? En te réveillant ou après ?
    Au réveil non car l’anesthésie faisait encore son effet mais les jours qui suivirent oui. Il faut bien prendre les antidouleurs comme recommandé.
  3. Faut-il expliquer à nos enfants notre choix ? Et comment justifier notre absence ou moins de punch de plusieurs jours ?
    Si tu en ressens le besoin, alors je pense que oui, tout en adaptant ton discours à l’âge de tes enfants. Pour ce qui est de justifier notre absence ou le fait d’avoir moins de punch, je dirais qu’il faut simplement leur expliquer qu’une opération est très fatigante et que ça ira mieux dans quelques jours.
  4. Quels sont les bénéfices (mis à part la stérilité désirée) ?
    Pour moi, le principal bénéfice a été de ne plus avoir à prendre la pilule. Je ne voyais pas l’intérêt d’ingérer toute ma vie ou presque une hormone de synthèse.
  5. As-tu toujours tes règles ?
    Oui, car c’est au niveau des trompes que se déroule l’opération. Tout ce qui concerne la partie vaginale est intact.
  6. Est-ce vraiment irréversible ?
    Il faut partir du principe que oui.
  7. Y a-t-il des risques è se faire ligaturer les trompes?
    Les risques existent effectivement, comme pour toute opération en anesthésie générale.
    Il y a eu également des cas, bien que rares, où l’opération a raté pour une raison ou pour une autre. On peut également faire une grossesse extra-utérine. N’hésitez pas à parler des risques et de vos inquiétudes avec votre spécialiste.

Mes cicatrices, un an après l’opération de ligature des trompes

Mais alors, que dit la loi sur la ligature des trompes ?

Et bien, selon la Loi n° 2001-588 du 4 Juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception, il faut d’après le chapitre III “Stérilisation à visée contraceptive” Art. L.2123-1 :

[…]

  • Être majeure
  • Exprimer une volonté libre
  • Respecter le délai de réflexion de 4 mois
  • Être informée (par son spécialiste) des risques médicaux et conséquences de l’intervention
  • Un médecin peut refuser de pratiquer cette opération mais il doit vous informer de son refus dès la première consultation.
Pour conclure…

Mon opération de ligature des trompes s’est très bien passée et, depuis un an, je le vis très bien.

Il faut être majeur et respecter le délai légal de réflexion qui est de 4 mois, peu importe qu’on ait des enfants ou non. Un chirurgien peut refuser de pratiquer l’opération. Dans ce cas, n’hésitez pas à lui demander le numéro d’un de ses confrères qui la pratique. J’ai entendu beaucoup de choses avant et après mon opération, des réflexions aussi, parfois désobligeantes. Ce qui m’énerve, c’est qu’une fois de plus on a la sensation de ne pas être écoutée, comme si on ne savait pas ce que l’on veut vraiment et que nous n’étions pas aptes à prendre ce genre de décisions. Hé bien en fait si, c’est notre corps et si on se sent prête, les spécialistes devraient respecter cela et nous accompagner au lieu de nous infantiliser. Heureusement, tous les spécialistes ne refusent pas de pratiquer la ligature des trompes, et il est important de garder un dialogue avec l’un d’eux (n’hésitez pas à changer si celui que vous avez ne vous convient pas) car c’est lui qui saura répondre au mieux à vos questions.

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    • Merci pour ton témoignage
      Moi j’ai 2 enfants, 31 ans et je viens de me faire ligaturer les trompes aussi. Pas eu de soucis quand j’en ai parlé à ma sage femme elle m’a de suite orienté vers une chir à l’écoute et qui a été Ok pour me le faire. J’ai quand même eu le droit à des remarques desobligeantes mais de la part de l’anesthésiste lors de la visite pre opératoire… on a encore du chemin à parcourir pour faire reconnaître nos droits. Mais si vous souhaitez vraiment le faire, insistez auprès d’autres professionnels pour en trouver un qui soit à l’écoute !

  • Merci pour votre témoignage !
    Le chemin est long avant d’arriver au but. Pour ma part, je suis encore dans le cheminement de se justifier auprès des spécialistes. Encore prochainement un rdv plein d’espoir de se faire enfin comprendre, de ne plus vouloir être sous flux constant d’hormones. Flux inutile, puisque mon projet de vie est fini… ?