Fool Night – Tome 3

C’est le 2 novembre dernier que sortait le troisième tome de Fool Night aux éditions Glénat. L’occasion pour nous de retourner dans cet univers ténébreux, privé de lumière naturelle, où pour survivre les êtres humains n’ont d’autres choix que de se transformer en plante. Dans une société où la transfloraison de certains représente la survie du plus grand nombre, certaines voix discordantes se font entendre et le procédé est loin d’être unanimement apprécié.

"Fool N

La vie rêvée des plantes

 Dystopie florale

Depuis cent ans, un épais nuage empêche le soleil d’éclairer la Terre. La nuit et l’hiver se prolongèrent à jamais et la plupart des végétaux périrent. L’humanité plaça ses espoirs dans la technique de “transfloraison”, consistant à transformer un humain en plante. Bien évidemment, ces opérations sont limitées aux personnes en fin de vie, pour une raison éthique… mais lorsqu’une prime de dix millions de yens est accordée aux volontaires, certains n’hésitent pas à contourner les règles pour s’inscrire sur les listes. Toshiro est l’un d’entre eux : sans aucun avenir et fatigué de la vie, il va choisir de se transformer en plante. Mais cette opération va lui accorder des talents qu’il ne soupçonnait pas !

Glénat
Fool Night est une "dystopie" dans un monde ou la lumière naturelle n'existe plus
FOOL NIGHT © 2021 Kasumi YASUDA / SHOGAKUKAN

Les deux premiers tomes de Fool Night nous présentaient Toshiro, un jeune homme désabusé par la vie, cherchant simplement à vivre dans un monde où les activités humaines ont recouvert le monde d’un épais nuage noir. En conséquence de cela, tous les végétaux, privés de la lumière du soleil, se sont flétris et ont disparu. Pour pallier le manque d’oxygène et permettre à la population de survivre, un procédé a été mis en place sur la base du volontariat. Le principe est simple, : permettre aux mourants de prolonger leur vie de quelques années en leur implantant des graines de végétaux qui, à terme, les transformeront en plante (productrices d’oxygène et peu demandeuse de lumière pour vivre), incapable de bouger ou même de réfléchir.

"Yomiko" essaye de dissuader Toshiro de transflorer

Ils sont gracieusement dédommagés avec une prime de dix millions de Yens, ce qui leur permet de mener une vie tranquille et prospère jusqu’à la fin de leur vie. Sur cette planète où la pauvreté règne en maître, nombreux sont ceux qui sont tentés de contourner les règles pour toucher ce pactole, et notre héros ne fait pas exception à la règle. Transfloré contre l’avis de son amie d’enfance Yomiko, qui travaille à l’institut de transfloraison, il n’aura même pas le temps de profiter de son argent qui lui est volé quasiment immédiatement.

Les retrouvailles des deux amis d'enfance dans "Fool Night"
FOOL NIGHT © 2021 Kasumi YASUDA / SHOGAKUKAN

Devant la détresse de son ami et surtout devant les pouvoirs de communication qu’il a développé avec les sanctiflores, Yomiko lui propose d’intégrer l’Institut comme salarié. Devant le temps qui passe inexorablement et la graine qui s’étend un peu plus dans son corps à chaque seconde, Toshiro tente de trouver un sens à ce qui lui reste de vie. Alors que les choses semblent s’arranger pour lui, un tueur transfloré fait son apparition et s’attaque à Yomiko…

Poison Ivy

Dans un futur lointain, un épais nuage a recouvert la Terre et l’a plongée dans l’obscurité. 

Dans ce contexte, un nouveau procédé qui permet de transformer les hommes en plantes voit le jour : la transfloraison. La métamorphose dure deux ans, à l’issue de laquelle les bipèdes deviennent des végétaux nommés sanctiflores. 

Toshiro, le héros, se sent écrasé par la pauvreté et choisit de se faire transflorer. 

Alors qu’il a décidé de consacrer les dernières années de vie pour acquérir une forme de richesse intérieure, il doit faire face à une inquiétante sanctiflore, capable de continuer à se déplacer même si sa mutation est complète. La créature agresse Yomiko, l’amie d’enfance de Toshiro…

Glénat
La police présente l'arme capable d'abattre Ivy dans "Fool Night"
FOOL NIGHT © 2021 Kasumi YASUDA / SHOGAKUKAN

Après l’attaque d’Ivy qui laisse Yomiko entre la vie et la mort, Toshiro, qui a vu la plante de près, est dans l’incompréhension la plus totale. Comment un être totalement transformé peut-il encore bouger aussi librement et tuer des gens de surcroît ? Notre héros n’aura pas le temps de s’interroger car il est bien décidé à traquer le tueur en série pour venger son amie. Engagé comme inspecteur spécial détaché de l’Institut de transfloraison pour collaborer avec la police, il n’a qu’un objectif : s’emparer d’une arme capable de réduire Ivy en cendres.

"Toshiro" veux récupérer cette arme pour lui
FOOL NIGHT © 2021 Kasumi YASUDA / SHOGAKUKAN

Aveuglé par sa colère, notre héros ne voit pas les différentes idéologies s’affronter autour de lui. Entre les cadres de l’Institut qui souhaitent capturer la sanctiflore vivante pour en faire un sujet d’étude, la police qui veut simplement la détruire pour l’empêcher de nuire et les anti-transfloraisons qui voient en Ivy un moyen de légitimer leur mouvement, nombreux sont ceux qui vont chercher à arriver à leur fin, quelles que soient les méthodes à employer pour cela. Mais tout cela, Toshiro s’en moque. Il cherche simplement, au mépris de ses limites, à localiser le meurtrier pour comprendre ses motivations et l’arrêter à tout prix…

L'institut veut sauvegarder Ivy à tout prix dans "Fool Night"
FOOL NIGHT © 2021 Kasumi YASUDA / SHOGAKUKAN

Lisez un extrait de Fool Night – Tome 3 ici !

Le langage des fleurs

Tout comme avec les deux premiers volumes de Fool Night, je me trouve bien en peine de vous faire partager mon avis, tant celui-ci est embrouillé avec des sentiments, qu’ils soient clairs ou diffus. Ce troisième tome est centré uniquement sur la traque d’Ivy et son dénouement (final ?), mais le rythme du récit se fait plus lent, plus introspectif au niveau de ses protagonistes et notamment de Toshiro que l’on voit agir de façon totalement erratique dès que le sujet touche Yomiko. On peut légitimement se demander si son don de ressentir et comprendre les sanctiflores ne lui aurait pas permis de développer une empathie plus importante que la normale.

La police et l'institut deux points de vue différents dans "Fool Night"
FOOL NIGHT © 2021 Kasumi YASUDA / SHOGAKUKAN

Quand on voit Toshiro prêt à abuser de son pouvoir alors même que celui-ci accélère la progression de la plante dans son corps, on ressent sa détermination : il est prêt à tout quelles qu’en soient les conséquences, et ce malgré sa peur panique de devenir une plante sans avoir rien accompli de sa vie. Dans ces moments de doutes, Kasumi Yasuda use et abuse des plans fixes pour appuyer sur une hésitation ou sur un silence et donner au lecteur une respiration.

Même les travailleurs ont du mal à joindre les deux bouts dans "Fool Night"
FOOL NIGHT © 2021 Kasumi YASUDA / SHOGAKUKAN

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, permettre au lecteur, qui bien souvent retient son souffle au cours de la lecture, de reprendre un peu d’air. Si ce tome est très axé sur la chasse à Ivy et sur l’action qui en découle, il s’avère pousser plus loin la réflexion politique, amorcée dans le volume deux de Fool Night. Ici, les anti-transfloraisons se font plus bruyants voire violents, leur colère étant exacerbée par le prix exorbitant de l’impôt sur l’oxygène demandé à la population. Mais au final, tout est calculé puisque le but de la manœuvre est de réduire drastiquement la population humaine, comme le dit si bien l’une des cheffes de la police.

Secrétaire et souffre douleur dans "Fool night"
FOOL NIGHT © 2021 Kasumi YASUDA / SHOGAKUKAN

Vous l’aurez compris, au cours des chapitres de ce volume je suis passée par tout le panel d’émotions décrites ci-dessus : la tristesse, la colère, la détermination et malgré tout, en arrière plan, une angoisse sourde qui ne m’a jamais vraiment quittée jusqu’à la dernière page. Ce sentiment, que le jeune mangaka arrive à instiller en vous, que l’humanité ne peut être sauvée et que Fool Night n’est que la chronique d’une destruction annoncée. Ça bouscule, ça interroge, ça fait réfléchir et, pour le meilleur ou pour le pire, on est incapable de décrocher.

Pour conclure…

Avec Fool Night tome 3, Kasumi Yasuda continue sur la lancée de ce qui avait été amorcé dans les deux premiers volumes. Malgré un tome plus orienté action avec la traque du tueur sanctiflore, le mangaka ralentit délibérément le rythme de ses planches pour permettre une introspection plus profonde chez ses héros, sans oublier l’aspect politique de l’affaire qui prend de l’ampleur au fil des chapitres. Si vous avez apprécié le début de Fool Night, ce tome ne devrait pas vous décevoir. Malheureusement, il faudra s’armer de patience avant la sortie du tome 4 d’ores et déjà programmé pour le 15 mars 2023.

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