Frankenstein – Édition Prestige

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui nous allons (re-)découvrir l’histoire d’un homme devenu monstre à cause du rejet des autres à son égard. Ce pitch vous dit quelque chose ? C’est tout à fait normal car je parle ici du roman gothique intemporel écrit par Mary Shelley : Frankenstein. Mais attention, il n’est pas question de parler du roman paru au début du XIXème siècle (quoique…), mais bien de son adaptation en BD par Georges Bess, paru chez Glénat en fin d’année dernière.

Prometheus

Le cauchemar d’un monstre. La folie d’un homme.

Dans ce XIXe siècle d’innovations techniques et de révolution industrielle, la littérature anglaise a produit des figures fantastiques iconiques qui sont toujours vivantes aujourd’hui. C’est le cas du Frankenstein de Mary Shelley et de son héros au destin tragique. Un proscrit rejeté de tous et en premier lieu par celui qui le façonna. De son délire narcissique est né un être colossal et effrayant qui témoigne de sa capacité à aimer, de son besoin de se relier et qui est condamné à la solitude, à la souffrance, à l’incompréhension et au rejet. Car cette « chose » innommable, cette monstruosité, à qui la postérité donnera le nom de son créateur, est un agglomérat de cadavres auquel Victor Frankenstein a donné la vie. Dans la lignée de son magistral Dracula, Georges Bess signe une adaptation somptueuse du Frankenstein de Mary Shelley. On y retrouve la magie de son noir et blanc profond et élégant qui sublime la dramaturgie du récit. Une œuvre grandiose, où le trait acéré et l’encrage puissant de l’auteur expriment dans chaque case le souffle romantique de cette histoire. Celle du cauchemar d’un monstre et de la folie d’un homme. Une pépite graphique incontournable.”

Glénat
Exemple de page de "Frankenstein"

L’histoire de Frankenstein et de sa créature commence, en fait, avec le capitaine Walton menant une expédition pour découvrir un passage à travers les glaces du pôle. Alors que le bateau est prisonnier de la banquise, l’équipage aperçoit au loin un traîneau mené par un homme d’une taille gigantesque qui disparaît au loin, laissant le capitaine et ses hommes abasourdis. Quelque temps plus tard, c’est un autre homme, mal en point, qui est recueilli par le bateau alors qu’il dérivait sur une plaque de glace

Une fois monté à bord, l’inconnu va raconter une histoire étonnante à ses sauveteurs. Il se nomme Victor Frankenstein et il est à la poursuite du géant que Walton a aperçu au loin. Les témoins présents auprès du moribond ne se doutent pas un seul instant de l’effroyable récit que s’apprête à leur faire Frankenstein. À l’origine étudiant doué en médecine et en physique, le jeune docteur pense avoir trouvé le moyen de ramener les morts à la vie. Pour cela, il reconstitue un corps humain en prélevant des morceaux sur des cadavres choisis par ses soins et, utilisant les propriétés de l’électricité, parvient à ranimer le cadavre qu’il a conçu.

Autre exemple de page de "Frankenstein"

Horrifié par le spectacle de sa gigantesque création, le docteur Frankenstein prend peur et abandonne l’humain nouvellement créé à son sort tandis qu’il prend la fuite. Ayant retrouvé son ami d’enfance nommé Clerval, Victor tombe gravement malade et, après de longs mois de convalescence, ayant recouvré la santé, il s’apprête à retourner dans sa ville natale de Genève. Arrivé auprès des siens, il apprend alors la mort de son jeune frère William assassiné par un « rôdeur ». Venu se recueillir sur les lieux du crime, Victor aperçoit son monstre et comprend que c’est lui qui est à l’origine du drame. Toujours en vie, il semblerait que le colosse mû par un désir de revanche se soit attaché aux pas de celui qui lui a donné naissance pour ensuite l’abandonner. Pour Victor Frankenstein, en quête de rédemption, le cauchemar vient à peine de débuter…

Découvrez un extrait de Frankenstein ici !

Quand Bess rencontre Shelley

Sorti de l’imagination de Mary Shelley alors qu’elle n’avait que dix-neuf ans, l’histoire du scientifique qui a réussi à contrer la mort est le résultat d’un jeu entre amis où chacun des participants doit écrire un récit d’épouvante. Fortement marquée par la perte encore récente de son bébé de sept mois (et inspirée par un rêve fait sous l’emprise de l’opium), la romancière va coucher sur papier ses traumatismes et son envie de faire revenir les disparus.

"Mary Shelley" l'auteur de l’œuvre originale

Frankenstein, d’abord publié anonymement en 1818, sera retravaillé à de nombreuses reprises par Mary qui ne sera finalement satisfaite de son œuvre qu’avec la publication de 1831 où elle sera créditée en tant qu’auteure. Avec ce classique de la littérature gothique, Mary Shelley a rendu ses lettres de noblesse à un genre littéraire décrié à son époque. En s’affranchissant des thèmes fantastiques et en ancrant son histoire dans l’horreur, elle lui donne une réalité tangible, presque du domaine du possible. C’est sur ce terreau de base que Georges Bess a décidé de travailler.

"Georges Bess" le dessinateur de cette version

Le dessinateur, très inspiré par l’œuvre de Moebius, va lui emprunter son souci du détail et ses planches extrêmement travaillées. Chacune des cases de ce Frankenstein est un tableau en soi. Le travail à la plume, précis, et la magnificence des traits de l’artiste ainsi que l’absence d’ombrage, autrement que par l’encre noire, soulignent parfaitement la dureté et les ténèbres de ce combat entre un créateur et sa créature. Gros coup de cœur pour la couverture de l’édition spéciale avec ses incrustations argentées du plus bel effet.

L’Empreinte de Frankenstein

Vous l’aurez compris en lisant ce qui précède, Frankenstein est un roman qui m’a énormément marqué dans ma jeunesse. Le récit de cet être qui, bien qu’abominable d’apparence, n’aspire qu’à rompre la solitude à laquelle les hommes l’ont condamnée. Abandonné à la “naissance” par celui qui lui a redonné la vie, ignorant tout de la vie et maltraité dès qu’il apparaît en public, il n’a alors d’autre choix que de devenir ce monstre que les autres voient en lui.

L'équipage de Walton découvre Victor "Frankenstein"

Le fait qu’il n’ait pas de nom indique qu’il n’a pas d’existence en tant qu’être, il n’est alors que le fantôme de la vengeance, instrument de punition du docteur suisse pour avoir voulu s’élever au niveau de Dieu. Je n’ai jamais considéré le roman comme une histoire d’horreur, la considérant à bien des niveaux plus comme une tragédie. Du coup, me replonger dans les écrits de Mary Shelley par le prisme de Georges Bess m’a permise de me rafraîchir la mémoire tout en savourant les planches de toute beauté qui composent la BD.

Page de couverture de chapitre de "Frankenstein"

L’ouvrage étant assez lourd et imposant, j’ai dû me poser sur une table pour en profiter pleinement, et, moi qui suis une adepte de la lecture sur la méridienne de mon canapé, j’ai dû faire l’effort de quitter mon cocon habituel pour profiter du livre. Toutefois, subjuguée par ce que j’ai vu au fil des pages, je n’ai absolument pas regretté mon choix et je pense même en offrir quelques-uns en cadeaux afin de faire découvrir ce chef-d’œuvre à mes connaissances.

Pour conclure…

Si l’histoire de Victor Frankenstein et de son monstre a été adaptée de nombreuses fois, que ce soit au cinéma, en BD, en manga ou même au théâtre, cette version de Georges Bess fait incontestablement partie des meilleures. Le Frankenstein de Glénat a su rester fidèle à son aîné romanesque, mais avec cette touche de noirceur inhérente aux dessins de l’artiste. Si vous avez aimé le roman, je vous conseille de vous procurer cet ouvrage, qui fera un cadeau de Noël parfait pour les amateurs.

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