Réimp’ ! – Tome 6

Réimp’ toi-même d’abord !

“Je veux travailler dans le manga !”

Nombreux sont ceux qui aspirent aujourd’hui à devenir mangaka ou éditeur manga. Mais saviez-vous que ce n’était pas la seule manière de travailler dans le manga ?

C’est ce que va découvrir Kokoro, embauchée dans une maison d’édition pour avoir fait une prise de judo à son président. Affectée à l’éditorial manga, elle va peu à peu faire connaissance avec l’univers qui l’entoure… À la différence de Bakuman qui présente un huis-clos entre un auteur et un éditeur souhaitant créer le prochain hit shonen, Réimp’ ! offre une description plus réaliste et seinen, avec une multitude de personnes : commerciaux, libraires, graphistes, assistants… tous là pour porter l’œuvre jusqu’à son lecteur. Les mangaka ne sont évidemment pas en reste, avec une galerie de personnages qui nous semblent étrangement familiers : le grand auteur légendaire passé de mode, l’ex-hitmaker qui n’arrive plus à vivre de son art, la jeune autrice hésitante, le jeune prodige torturé… Avec un style brut mais sensible, l’autrice décrit avec fougue la passion qui habite tous ses personnages.

Glénat

Empathie quand tu nous tiens

Devenir un mangaka accompli suppose de cultiver sympathie et empathie pour son public. Malheureusement, ces émotions restent étrangères au jeune Haku Nakata, dont les souvenirs d’enfance peinent à l’ouvrir au monde. Quelle solution Kokoro Kurosawa trouvera-t-elle pour soutenir son auteur ? Par ailleurs, Kuriyama se voit offrir une opportunité en or : voir son manga publié sur un site de lecture en ligne. Un rêve que les intentions de certains, de vite gagner beaucoup d’argent, risquent de transformer en cauchemar…

Glénat

Alors que le tome précédent avait vu le départ d’un des assistants de M. Mikurayama, Numata, jaloux du talent de son homologue Nakata, le poulain de Kurosawa qui travaillait d’arrache-pied et corrigeait ses planches à la vitesse de l’éclair, est désormais désorienté et n’avance plus dans ses projets personnels. Lui, dont le manque d’empathie était un point faible en tant qu’auteur, commence à se rendre compte qu’il s’ouvre peu à peu aux autres. De son côté, notre éditrice de choc se lance à corps perdu dans la bataille afin que Haku puisse enfin décrocher une sérialisation pour son histoire “la transition des PIVS”. Mais pour cela, il lui faut comprendre qui est ce jeune auteur et le sens caché de son histoire.

Après avoir brillamment défendu son dossier en réunion rédactionnelle, Kurosawa décroche une série et Haku Nakata, heureux comme jamais, commence sa carrière. Devant l’exemple de ce petit jeunot qui accède enfin à une série, c’est au tour de Kuriyama, un autre assistant de M. Mikurayama, de se remettre en question. Suite au nombre de refus conséquent de son éditeur, il est prêt à baisser les bras quand une plateforme de lecture en ligne de mangas le contacte. Ayant accepté de publier son œuvre sur le site, Kuriyama signe un contrat et se lance dans l’aventure, quittant même son travail d’assistant. Malheureusement, si certaines plateformes valent mieux que d’autres, toutes ont avant tout pour but de faire du profit, ce dont Kuriyama va faire l’amère expérience. Lui qui a cédé aux sirènes de la facilité risque bien d’en payer le prix fort…

Tu vas prendre une de ces corrections…

Je dois avouer qu’après la déception du tome précédent, que j’avais trouvé en demi-teinte, j’attendais beaucoup de la suite. Mission accomplie pour Naoko Mazda puisque j’ai particulièrement apprécié ce tome 6. Cela fait maintenant plusieurs volumes que l’on suit le jeune Nakata et enfin il semble commencer à évoluer. Son côté asocial et assez agressif envers les gens (notamment envers la femme du mangaka à qui il sert d’assistant, qui pourtant ne lui veut que du bien) commençait légèrement à m’agacer, car en ce qui me concerne je considère qu’une histoire familiale compliquée ne justifie en rien l’agressivité du personnage.

Naoko Mazda enfonce également un peu les portes ouvertes dans ce tome en dépeignant la fragilité des petits commerces au Japon, incapables de résister au rouleau compresseur des grandes enseignes et surtout à celles en ligne. C’est comme ça partout dans le monde et ce n’est pas une découverte, mais la mangaka traite le sujet par le prisme de l’humain, ce qui amène une légère prise de conscience du lecteur sur sa façon de consommer. Ce petit interlude dans lequel Kokoro n’est pas arrive subtilement à nous faire regretter la disparition des commerces de proximité que peuvent être les librairies ou les supérettes et, qui sait, peut-être à nous amener à changer notre fusil d’épaule.

Enfin, j’ai appris énormément de choses dans les chapitres consacrés à la correctrice avec laquelle Kurosawa entre en relation pour corriger un manga. Autant je savais qu’être correcteur impliquait de traquer les fautes d’orthographes et les coquilles dans un texte, autant j’ignorais qu’ils étaient aussi chargés de vérifier l’exactitude des informations que l’auteur inclut dans son récit. J’ai toutefois pensé que c’était peut-être une spécificité du Japon, mais l’entretien traditionnel terminant Réimp’ ! (donnant la parole à un correcteur français dans ce dernier volume) m’a totalement détrompé.

En même temps qu’elle nous décortique les différents aspects de ce métier, la mangaka en profite pour glisser une habile réflexion sur sa langue et son évolution. Réimp’ ! Tome 6 relance donc mon intérêt pour la série et je me procurerai le prochain volume afin de continuer ma découverte de l’univers professionnel de Kurosawa.

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Publié le 7 décembre 2022 Par Cinealtas

Grande enfant devant l'Éternel, avec les occupations qui vont avec, c'est une geek qui aime découvrir sans cesse de nouvelles choses. Adore regarder les dessins animés pendant son petit déjeuner le matin, lire des mangas et enchaîner des heures d'animés. Gameuse assidue, elle scrute minutieusement toutes les sorties jeux vidéo pour y déceler de nouvelles pépites.