Mermaid Saga

Il y a de cela 37 ans, dans le Weekly Shonen Sunday, les japonais purent découvrir la nouvelle série de l’auteure du moment : Rumiko Takahashi. Quelle ne fut pas leur surprise à la lecture de ce Seinen aussi dramatique que macabre. Un vrai grand écart pour la dessinatrice qui publie en parallèle Urusei Yatsura et Maison Ikkoku (respectivement Lamu et Juliette je t’aime dans nos contrées). Devenu culte pour beaucoup, ce classique fait aujourd’hui l’objet d’une réédition en intégrale chez Glénat. C’est donc pour nous l’occasion rêvée de revenir sur ce monument intemporel.

Mi-femme, mi-poisson et re mi-femme derrière

Parce qu’il a mangé la chair d’une sirène, Yuta est devenu immortel. Depuis des siècles, il traverse le Japon à la recherche d’une de ces femmes-poissons qui pourra enfin lui permettre de vieillir. Mais ces créatures envoûtantes sont aussi belles que dangereuses et c’est dans le sang et les sacrifices qu’il va les retrouver… Un superbe conte noir et mélancolique qui dévoile une autre face de la créatrice de Ranma 1/2. Après la publication du premier opus Mermaid Forest, Rumiko Takahashi a complété cette saga, devenue culte au fil des années. Nous avons aujourd’hui le plaisir de vous proposer une version intégrale de la série, en deux tomes grand format.

Glénat
Yuta est à la recherche de Sirènes dans "Mermaid Saga"

Yuta, un jeune homme d’apparence banal, est en fait âgé de 500 ans. Immortel après avoir mangé de la chair de sirène, il cherche par tous les moyens à retrouver sa mortalité. Pour ce faire, il doit trouver ces êtres mythologiques car elles seules peuvent lui apprendre comment inverser le processus. Au cours de ses recherches, il croisera la route d’autres personnages ayant consommés eux aussi de la viande de femme-poisson, que celle-ci les ai rendus immortels, comme lui, ou qu’elle les ait transformés en monstres. Quand elle ne cause pas tout simplement la mort de celui qui l’avale. Car cette chair est également un poison violent pour ceux dont le corps n’arrive pas à l’assimiler. Dans sa quête, le jeune homme suivra une route jalonnée de drames et de crimes sanglants, où il devra parfois faire face à son passé. L’histoire commence alors que Yuta arrive dans un étrange village isolé. Celui-ci est habité uniquement par des femmes et il n’est visiblement pas le bienvenu ici. C’est là il fait la connaissance de Mana, une jeune fille au caractère bien trempé. Celle-ci vit recluse et a les jambes entravées. Yuta l’ignore encore mais son errance solitaire est sur le point de prendre fin.

Les sirènes existent dans "Mermaid Saga"

Découvrez un extrait de Mermaid Saga – Tome 1 ici !

Si reine

Je ne vous ferai pas l’outrage de vous présenter Rumiko Takahashi. En effet, ses œuvres sont mondialement connues, y compris chez nous. Que ce soit avec Lamu, Juliette je t’aime, Ranma ½, Inu Yasha ou encore Rinn, nous avons tous un jour feuilleté un volume, ou regardé un épisode d’animé d’une de ses série. Mermaid Scar est la troisième publication importante de l’auteure, qui jusque-là s’était distinguée avec des récits comportant toujours une bonne dose d’humour. N’en espérez pas ici, l’intrigue traite de vengeance, de rédemption et de meurtres. En gros, comme en détails, rien de très réjouissant. Le dessin tout en rondeur si particulier de l’artiste, qui convient parfaitement à ces œuvres plus légères, crée ici un contraste intéressant avec la noirceur et la violence du propos. Et c’est sans nul doute la marque d’un grand mangaka qui réussit à embarquer le lecteur avec brio quelle que soit la couleur du récit qu’il nous propose. Qui plus est, son écriture et les effets de mise en scène amenés par le découpage des cases renforcent le sentiment de danger et de mélancolie qui se dégagent de ses planches. Bien sûr, les scènes d’action de la mangaka sont toujours aussi dynamiques et la lecture reste fluide malgré le nombre de détails présents dans certaines cases. C’est beau, c’est triste et le propos sous-jacent en est d’autant plus sublimé.

Un poison nommée Mana

Si j’ai toujours été très fan de Ranma et d’Inu Yasha, Mermaid Saga est le travail de Rumiko que je préfère. L’ayant d’abord découvert sous la forme de l’OAV (Original Animation Vidéo) réalisée par le Studio Pierrot, j’ai eu la chance de lire Mermaid Forest, le seul tome sorti en France. Après toutes ces années, j’avais fait une croix sur la suite, persuadée que les deux tomes restant ne seraient jamais traduits chez nous. Mais grâce à Glénat, j’ai pu me replonger avec bonheur dans les profondeurs de ce récit cruel et en découvrir les histoires qui nous avaient manqués. Au travers de Yuta et de Mana, Mme Takahashi explore tout un panel de réactions humaines envers l’immortalité. À l’instar de Yuta qui, fatigué de vivre après avoir vu tous ceux qui lui était chers mourir encore et encore, n’aspire qu’à redevenir mortel pour mettre un terme à sa vie de paria. Intelligemment, cette œuvre nous renvoie à notre propre rapport à la mort. À travers ces épisodes, on se surprend à s’interroger sur nos réactions si nous étions à la place des protagonistes. Pour une infime chance de devenir immortel, aurions-nous pris le risque de tout perdre en consommant la viande maudite ? Et si cela avait fonctionné, comment gérer l’éternité et les souffrances que cela suppose ?

Pour conclure…

Comme vous l’aurez compris, Mermaid Saga a constitué un tournant dans la carrière de Rumiko Takahashi. Que vous soyez fan ou non de la mangaka, il serait dommage de vous priver de la découverte de cette superbe édition en deux volumes où nous avons pour la première fois l’intégralité de la série traduite. Je vous encourage à vous laisser tenter par l’appel des Sirènes et à plonger dans cette aventure dont vous ne ressortirez peut-être pas indemne.

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