Pendragon – Tome 1 : L’Épée Perdue

Sorti le 6 septembre 2023 aux éditions Glénat, Pendragon Tome 1 – L’épée perdue nous propose de (re)découvrir l’histoire du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table Ronde dans une version revisitée par les bons soins de Jérôme Le Gris, qui choisit de nous livrer sa vérité à propos du souverain légendaire. Sans être spécialement emballé, on est tout de même curieux de savoir ce que vaut cette énième mouture du mythe, d’autant que celui-ci s’est associé le concours de Paolo Martinello et de Benoît Dellac pour la mise en image. Allons-y compagnons !

"Pendragon Tome 1 - L'épée perdue" Affiche

Un jeunot pour les gouverner tous…

Arthur, le retour de la légende.

Depuis le départ des légions romaines, les dieux semblent avoir abandonné les hommes et les terres d’Alba. Et cet antique royaume est désormais la proie de guerres féroces et incessantes. Pourtant, le sorcier Merlin cherche sans relâche à rétablir l’harmonie. Il devra, pour ce faire, trouver enfin un roi capable de mettre un terme aux querelles intestines entre les Sept Royaumes. Un roi capable aussi de rétablir les anciennes croyances face à l’émergence d’une nouvelle religion. Alors que les combats font rage sur les terres du roi Leodan, la prêtresse Nimue sent que l’heure est proche. Bientôt, un homme fera entrer l’Angleterre dans un âge nouveau : Arthur. Chef de guerre local sans rêve de grandeurs, Arthur n’a pas l’ambition de devenir le Haut-Roi des Basses-Terres. Pourtant ses exploits ont déjà plusieurs fois montré ses qualités de leader et de fin stratège. Pour certains, le futur époux d’Elwen, fille du défunt roi Leodan, incarne le seul espoir face aux troubles grandissants qui menacent l’unité d’Alba. Arthur acceptera-t-il la lourde charge proposée par Merlin ? Saura-t-il se montrer digne de l’espoir qui a été placé en lui ?

Glénat
Tout commences des millénaires avant la naissance d'Arthur dans "Pendragon Tome 1 - L'épée perdue"
© 2023, éditions Glénat

Dans Pendragon Tome 1 – L’épée perdue, tout commence par une légende, celle de Pendraig Rù, le premier roi des hommes, et de son épée Calibur. Ayant réussi à unir tous les peuples d’Alba pour faire face aux troupes monstrueuses du Dieu Noir, il finit par abattre son avatar sur terre, le terrible loup nommé Le Hurleur. Victorieux avec l’aide des dieux, Pendraig Rù jeta son épée dans un lac afin qu’aucun homme ne puisse convoiter son pouvoir et ainsi s’ouvrit un âge d’or pour les tribus celtes. Mais après plusieurs siècles de félicité, les troupes romaines ont débarqué, colonisant l’île qui fut alors abandonnée par les dieux, leur savoir et leur héritage étant définitivement perdu.

"Merlin" est un druide prêt à tout pour voir ses plans se réaliser
© 2023, éditions Glénat

Quelques centaines d’années après le départ des romains, Alba est unie sous l’autorité d’un roi, le Pendraig Brùde le Fort, mais ses terres sont attaquées de toutes parts par des ennemis désireux de s’approprier ses domaines. C’est dans ce contexte que le druide Merlin, dernier détenteur des bribes d’un savoir oublié, va tenter de faire revenir les anciens dieux et par là même l’âge d’or ayant commencé après la chute du Dieu Noir. Mais pour cela il a besoin d’un roi et compte bien se servir d’Arthur, le fils bâtard de Brùde, qui n’a pourtant aucune envie de régner. Tandis que la dame des lacs et des fleuves, Nimue, révèle à Merlin que les divinités lui ont soufflé l’emplacement de l’épée perdue de Pendraig Rù, celui-ci y voit un présage que ses plans peuvent désormais aboutir.

Mais devant la montée en puissance de la religion catholique et la volonté d’Arthur de ne pas devenir une simple marionnette pour Merlin, ce dernier risque d’avoir besoin de tout son pouvoir pour mener sa mission à bien.

Découvrez un extrait de Pendragon – Tome 1 : L’Épée Perdue ici !

Historia regum Britanniae

Et si le roi Arthur avait régné au Vᵉ siècle après J.-C. ? Avec un premier cycle prévu en quatre tomes, Jérôme Le Gris revisite librement le mythe chrétien du Graal en l’inscrivant dans le contexte historique qui aurait vu émerger cette figure légendaire. Le dessin généreux et flamboyant de Paolo Martinello nous propose un univers sauvage, empreint de mythologie celte, tout en s’appuyant sur le story-board hollywoodien de Benoît Dellac.

Glénat

Depuis des siècles, l’histoire du roi Arthur, de son épée Excalibur et de ses chevaliers de la table ronde a fasciné et interrogé. Ce roi mythique capable de réunir tous les peuples d’Alba sous sa bannière a-t-il réellement existé ? Bien malin qui pourrait le prouver. Sachez toutefois que la plus grande source littéraire mettant en scène Arthur Pendragon est un ouvrage rédigé par Geoffroy de Monmouth entre 1135 et 1138 nommé Historia regum Britanniae, entièrement rédigé en latin. Ce best-seller médiéval pourrait être perçu selon certains spécialistes comme une tentative de justifier les prétentions politiques des seigneurs normands sur la future Angleterre.

Une page de l'"Historiae regum Britanniae"

Cela explique, entre autres, le fait que jusqu’à il y a une vingtaine d’années les mythes arthuriens étaient associés aux Chevaliers du Moyen Âge quand le roi n’est censé avoir vécu qu’au Vᵉ siècle. C’est d’ailleurs ce postulat de base qu’a choisi Jérôme Le Gris, ayant la volonté de remettre Arthur dans son contexte historique. Il semblerait qu’il ait également emprunté certaines inspirations au Roman de Brute une adaptation en langue d’Oïl de 1155 de l’Historia regum Britanniae, écrite par Wace, un poète normand qui est aussi l’auteur du Roman de Rou (une référence au nom des deux Pendraig présentés dans le tome 1 ? Moi j’y crois !).

Une page du "Roman de Brute"

Pour pouvoir donner une profondeur à son récit, il fallait donc au scénariste non pas un mais deux compères, capable de transcender sur le papier sa vision. Et qui de mieux pour l’illustrer que le dessinateur italien Paolo Martinelli, dont le trait précis et acéré insuffle juste ce qu’il faut de dureté à ses protagonistes et de brutalité à l’action. Et pour couronner le tout, la mise en scène est assurée par Benoît Dellac via des storyboards qui rendent chaque case vivante, que les personnages soient statiques ou en mouvements. Il y a donc trois grands artistes à l’origine de cette bande dessinée et pourtant…

"Pendragon Tome 1 - L'épée perdue" prend place au Vᵉ siècle
© 2023, éditions Glénat

Le coup de Merlin

Depuis que je suis toute jeune, j’ai toujours beaucoup aimé les légendes arthuriennes et aujourd’hui encore dès que je le peux je lis sur le sujet. Aussi quand on m’a proposé de faire une critique de Pendragon Tome 1 – L’épée perdue, je n’ai pas pu résister à me replonger dans cette saga. Cependant, et comme vous pouvez vous en douter, mes lectures et visionnages nombreux sur le sujet font que je ne suis désormais que fort peu surprise par chaque nouvelle “réinterprétation”. Ce fut le cas avec ce premier volume de Pendragon qui sans m’avoir littéralement enchanté, m’a tout de même surprise par l’axe scénaristique déroulé par Jérôme Le Gris. Ici, on nous dépeint un Vᵉ siècle violent et guerrier assez proche de la réalité historique, mais dans lequel les dieux peuvent interagir avec les hommes et où les gardiens de l’ancienne tradition sont dotés de pouvoirs magiques.

"Arthur" est un chef de guerre respecté
© 2023, éditions Glénat

Cela fait plusieurs décennies maintenant que tout ce qui concerne le cycle arthurien est décorrélé de l’époque des chevaliers et en cela ce n’était pas une nouveauté. Toutefois, le personnage de Merlin est représenté de façon assez intéressante pour le coup, puisqu’il nous est décris comme un homme qui ne reculera devant aucune bassesse ni trahison afin d’obtenir ce qu’il veut : le retour en grâce des vieilles croyances. Arthur quant à lui, accepte pour l’instant de jouer le pion de Merlin tant que cela va dans le sens de ses propres aspirations, mais on sent très bien que le duo risque de s’opposer dès que le premier désaccord va pointer le bout de son nez. On y retrouve également l’archétype de la femme celte, fière combattante ou prêtresse aux grands pouvoirs qui compte bien avoir son mot à dire dans la gouvernance des hommes.

L'intelligence d'Arthur n'est plus à prouver dans "Pendragon Tome 1 - L'épée perdue"
© 2023, éditions Glénat

Je dois vous avouer que j’ai eu un peu de mal à retrouver mes petits entre les personnages repris de ceux de la Table ronde et ceux inventés pour les besoins du récit. Ainsi, je ne sais toujours pas si Elwen est en fait Guenièvre ou une création originale, ni qui serait la personnification d’Uther Pendragon (s’agit-il de Pendraig Rù ou de Brùde le Fort ?). Histoire de ne pas bloquer là-dessus, j’ai donc décidé de ne pas me préoccuper des liens entre la saga chevaleresque et cette BD, ce qui au final cela m’a permis de l’apprécier en tant que tel, d’autant que le scénario est parfaitement mis en valeur par les dessins de Paolo Martinello, eux-mêmes rehaussés par la mise en scène réalisée par Benoît Dellac au travers de ses storyboards.

Le fantastique côtoie le réaliste dans "Pendragon Tome 1 - L'épée perdue"
© 2023, éditions Glénat

Au final, je suis donc un peu mitigée sur ce premier tome de Pendragon, et j’attends de voir le prochain album afin de me faire un avis plus définitif.

Pour conclure…

Pendragon Tome 1 – L’épée perdue nous propose une nouvelle fois de revivre les évènements ayant jalonné l’histoire d’Arthur en nous en promettant une relecture épique et inattendue. Certes, la psychologie des personnages est pour le moins intéressante, mais ce premier tome ne faisant que poser les bases de son intrigue, il est encore difficile de se faire une idée précise de ce qui nous attend par la suite. En tout état de cause la BD se lit tout de même avec plaisir, ne serait-ce que pour les dessins superbes de Paolo Martinello et de son compère Benoît Dellac. Vivement le prochain volume que je puisse me faire un avis plus tranché sur la question.

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