Requiem Chevalier Vampire – Tome 1 à 11

Édité une première fois aux éditions Nickel en 2000, c’est chez Glénat que la série de BD Requiem Chevalier Vampire connaît une renaissance. C’est donc depuis 2016 que cette histoire, scénarisée par Pat Mills et mise en image par Olivier Ledroit, est de nouveau éditée, agrémentée de pages bonus à la fin de chaque album et d’une nouvelle couverture pour l’occasion. Une excellente nouvelle pour les amateurs de dark fantasy qui peuvent désormais se plonger dans cette série emblématique, introuvable depuis de nombreuses années. Avec la sortie du onzième album de la série, nous avons voulu plonger en Enfer pour nous faire notre propre opinion. Une chose est sûre, la mort est loin d’être une fin…

"Requiem" Affiche

C’est le vent, pire, c’est la tempête !

À sa mort, il pensait trouver la paix. Il ne rencontrera que le chaos.

1944, sur le front de l’Est. Mortellement blessé et hanté par les souvenirs de son amour Rebecca, Heinrich, jeune soldat allemand, s’apprête à vivre ses derniers instants. À sa mort, il pensait trouver la paix et non le chaos de Résurrection, un monde où les terres et le temps se sont inversés. Un monde où il découvre sa nouvelle destinée : celle de chevalier vampire. Adoubé sous le nom de Requiem, il est alors plongé dans un conflit cosmique entre des dieux étranges, où il accomplit ses premiers faits d’armes. Mais son véritable but est ailleurs : retrouver Rebecca si elle se trouve ici, quelle que soit sa réincarnation…

Avec Requiem, récit épique et gothique scénarisé par Pat Mills, Olivier Ledroit avait fait découvrir le versant sombre de son talent. Plébiscitée par les amateurs de dark fantasy, cette série culte, jusqu’ici en rupture, sort aujourd’hui chez Glénat dans une toute nouvelle édition dont chaque volume paraîtra tous les 2 mois et sera enrichi d’un cahier de 8 pages.

L’occasion de (re)découvrir une œuvre majeure et l’époustouflant graphisme en couleur directe de l’un des meilleurs artistes de sa génération.

Glénat
"Heinrich" est le héros et la BD débute par sa mort
© 2016, Glénat

Dans Requiem Chevalier Vampire, tout commence en 1944, par la mort d’Heinrich, officier allemand tué sur le front de l’Est. Alors qu’il sent sa fin arriver, il pense à son amour perdu Rebecca, une belle juive qui lui a été arrachée par la Gestapo. Sombrant dans l’inconscience, il se réveille dans un endroit étrange où il assiste médusé à un affrontement entre un chevalier vampire, Otto, et une bande de goules. Intervenant pour aider le vampire, Heinrich se rend compte qu’il est lui-même revenu à la vie en tant que Nosferatu. Après l’éradication des goules, Heinrich est pris en charge par Otto qui l’emmène auprès de Cryptus, gardien du temple lunaire qui se charge de l’entraînement des nouveaux vampires pour en faire des chevaliers.

Les trahisons sont monnaies courantes dans "Requiem"
© 2016, Glénat

Après deux ans de formation, Heinrich est adoubé en tant que Requiem et renvoyé sur Résurrection où il prend ses fonctions de guerrier auprès de la famille Dracula, guidé par son ami Otto. Mais le chevalier n’a pas oublié son amour et reste bien décidé à la retrouver dans la mort. Malheureusement pour lui, Rebecca s’est réveillée en lémure pour traquer dans la mort son assassin qui lui est devenu un vampire. Pour ne rien arranger Requiem s’aperçoit qu’il est en fait la résurrection de Thurim, un des généraux de Dracula, exécuté pour avoir trahi l’empaleur. Tiraillé entre son amour pour Rebecca et sa précédente incarnation qui risque de lui coûter la vie, Requiem va devoir se frayer un chemin entre les complots et les trahisons des différentes forces en présence, dont il semble malgré lui être un élément central.

Découvrez un extrait de Requiem – Tome 1 ici !

L’Enfer de Mills, on a Ledroit d’aimer ?

On retrouve de nombreus noms connus dans le récit comme ici "Mary Shelley"
© 2016, Glénat

À l’origine de Requiem, on trouve deux artistes Pat Mills et Olivier Ledroit. Pat Mills, scénariste britannique de comics depuis les années 1970, se lance sur le marché français, dont il envie les formats de parution et la liberté d’expression, avec Sha. C’est sur cette courte série de trois volumes que va commencer sa collaboration avec Olivier Ledroit, déjà connu pour les Chroniques de la Lune Noire. Malgré leur réputation, Sha ne connaît pas le succès escompté et l’histoire qui traite de résurrection et de vengeance dans un monde futuriste, est avortée.

Heinrich est devenu un monstre dans "Requiem"
© 2016, Glénat

Bien décidé à reprendre leur collaboration, les deux hommes créent la maison d’édition Nickel en 1999 afin de publier leur prochaine bande dessinée : Requiem Chevalier Vampire. Le succès fut tel qu’une autre série fut mise en chantier, Claudia, centrée sur le personnage éponyme bien connu des lecteurs de Requiem. Si Pat Mills est de nouveau au scénario, c’est désormais Franck Tacito qui prend le relais au dessin. C’est en 2007 qu’Olivier Ledroit sort un artbook regroupant son travail sur ses différentes séries, dont sont extraits les pages supplémentaires qui habillent les pages bonus de l’édition de Glénat.

Le Requiem de Thurim

"rebecca" l'amour perdu de Heinrich est devenue une lémure
© 2016, Glénat

En ce qui concerne Requiem, je me suis penchée sur cette série avant tout parce que son titre m’a plu. Quand j’ai reçu les albums, je ne savais donc pas du tout à quoi m’attendre que ce soit en termes de graphisme ou même d’histoire. Un pari qui s’est avéré gagnant, car j’ai tout de suite accroché à ce scénario sans aucun temps mort tout au long de la lecture des 11 volumes de la BD. Ce qui m’a fasciné dans Requiem c’est l’évolution du personnage principal Heinrich. Au début du récit, on le voit comme un soldat allemand embringué contre son gré dans une guerre où il est obligé de commettre des atrocités et limite suicidaire depuis que sa bien-aimée Rebecca a été arrêtée et envoyée dans les camps de la mort.

Le combat est permanent pour Heinrich sur "Resurrection"
© 2016, Glénat

Mais on apprend très vite que ses souvenirs sont faux et que la relation entre Rebecca et Heinrich était en fait composée d’amour et de haine depuis que ce dernier avait découvert la religion de son amante. S’ensuit un long processus d’acceptation des atrocités que le héros a commises en tant que Nazi, qui l’amène à vouloir être noble dans un monde où la bonté est totalement proscrite. C’est en enfer qu’il redevient humain quand il était devenu un monstre lors de sa vie. Un décalage intéressant avec l’environnement dans lequel il évolue. J’ai également beaucoup aimé les pages bonus nous en apprenant plus sur le lore de Requiem et sur les différents êtres que l’on y retrouve, ainsi que sur les péchés qui les ont amenés à s’incarner dans tel ou tel clan.

"Heinrich Barabrossa" l'une des première incarnation de Thurim et donc du héros
© 2016, Glénat

J’ai par contre eu un peu plus de mal avec l’inversion systématique de Résurrection par rapport à la Terre, et notamment par la marche du temps qui est inversé, le futur étant déjà fini, quand le passé reste à venir, les habitants de ce monde rajeunissant au lieu de vieillir. Cela étant, même si j’ai mis un peu de temps à m’habituer, j’ai fini par m’y faire, subjuguée par la beauté des planches d’Olivier Ledroit, dont chaque case est un festival de beauté. De plus, les diverses références (Ghost Rider, L’étrange Noël de Mr Jack, Armageddon ou King Kong par exemple) ainsi que les traits d’humour saupoudré dans ce récit pour le moins sombre (je ne suis toujours pas remise de la goule nommée Mère Kurocrom), sont des petites bulles de fraîcheur évitant à l’intrigue de devenir trop écrasante de noirceur.

Les femmes sont mortellement dangereuses dans "Requiem"
© 2016, Glénat

Un subtil équilibre qui n’empêche pas Requiem de montrer une violence assez évidente dans un monde comme résurrection, ce qui couplé au sexe et au propos tenus dans ces pages n’en fait pas une saga à mettre entre toutes les mains.

Une version du samouraï vampire ici avec "Dragon"
© 2016, Glénat
Pour conclure…

Saga culte de dark fantasy, Requiem nous embarque avec lui dans la mort, à la découverte de Résurrection, ville des vampires où se trament les pires exactions et les pires horreurs. Malgré la violence des images et des propos, qui en font une série à ne pas mettre entre toutes les mains, Pat Mills et Olivier Ledroit ont parsemé cet univers sombre et glauque d’humour et de références le rendant encore plus tangible pour le lecteur. Au travers des planches toutes plus somptueuses les unes que les autres, nous découvrons une histoire d’amour et de rédemption vibrante dont il est impossible de décrocher. Il va toutefois falloir se montrer patient avant la sortie du prochain album (qui sera aussi l’avant-dernier), le rythme de parution de Requiem étant très inégal et un an séparant le volume 10 du 11.

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