Shadows House T01 à 07

Depuis septembre 2018, les japonais peuvent découvrir dans le magazine « Young Jump » des éditions Shûeisha, la série Shadows House. Éditée en France aux éditions Glénat depuis le mois de juin 2020, c’est à l’occasion de la sortie du tome 07 de la saga que nous avons voulu vous donner notre avis sur ce manga loin d’être aussi innocent qu’il n’y paraît.

Zones d’ombres

Emilico est une poupée vivante au service de Kate, une jeune fille appartenant aux Shadows, famille d’ombres sans visage. Dans le vaste manoir familial, le travail d’Emilico se limite pour le moment à nettoyer la suie projetée par sa maîtresse… Mais au fil des rencontres, elle découvrira le monde dans lequel elle vit, commencera à s’interroger sur le sens de son existence et se liera d’amitié avec son entourage… Cependant, une poupée doit-elle avoir une conscience.Nous avons tous entendu la fameuse théorie sur les “grands yeux” du manga censés être le miroir de l’âme, et permettant d’exacerber les émotions des personnages. Shadows House réussit ici le pari osé de donner de l’humanité à des ombres sans visage ! Une expérience curieuse et unique que le duo d’auteurs So-ma-to explore dans le premier volume de la série, avant de développer un scénario passionnant autour des mystères de la famille Shadows dans le tome 2 publié simultanément. Une belle fable gothique pour les amateurs d’énigme.

Glénat
Les personnages principaux sont les "Shadows et leurs poupées vivantes"

Tout commence par la naissance d’Emilico, une poupée vivante à l’apparence humaine créée pour servir la jeune Kate, un membre de la famille des Shadows. Les nobles de cette famille n’ayant pas de visage, les poupées sont construites à l’image de leur maître afin de refléter leurs expressions, tel un miroir, et de leur servir de domestique. La vie d’Emilico est donc régie par un grand nombre de règles, afin de servir sa maîtresse au mieux et de réussir l’exhibition, cérémonie de passage à l’âge adulte du duo. Mais au fil du temps et des rencontres, Emilico et Kate commencent à penser que la vie n’est peut-être pas ce qu’elle semble être au sein du manoir familial. Ayant développé un fort attachement l’une envers l’autre, les deux jeunes filles vont tout faire pour révéler au grand jour les secrets et les mensonges de ces nobles sans visages. Pour cela, elles pourront compter sur leurs alliés ainsi que sur l’intelligence et les connaissances de Kate qui semble en savoir plus qu’elle ne veut bien le dire. Commence alors un délicat jeu de faux semblant ou le moindre faux pas risque de leur coûter très cher.

Découvrez un extrait de Shadows House T01 ici

Kate et Emilico le duo d'"héroïne"

Poupée de cire

Derrière Shadows House se cache un duo de mangakas : la scénariste Nori et le dessinateur Hisshi. Ils ont décidé de se lancer ensemble anonymement, en tant que créateurs de mangas, après leur rencontre dans une école de designers à Tokyo. Le choix de leur nom de plume n’est pas anodin, car il fait référence à la croyance que l’on voit sa vie défiler devant ses yeux avant de mourir. Tout un programme ! Avec Shadows House, ils reprennent une thématique qu’ils avaient déjà abordée dans une de leurs œuvres précédentes. En effet, on y retrouve quelques similitudes avec Kuro, une mini-série en trois volumes qu’ils avaient imaginé en 2013. Les points communs ? C’est une petite fille qui vit enfermée dans un manoir, qui forme un duo avec son chat (mais en est-il vraiment un ?) qui ne cherche qu’une chose : protéger sa maîtresse. Un galop d’essai pour Shadows House ? Peut-être… Le dessin un peu naïf s’adapte bien à l’histoire (qui au final traite d’un combat entre des enfants en route vers l’âge adulte et des adultes) et les émotions exacerbées des poupées sont vraiment très réussies. La complexité et le rendu des décors ajoute cette touche de démesure que l’on peut parfois ressentir lorsque l’on est petit.

Miroir, mon beau miroir…

S’il est une chose que j’adore en termes de lecture, c’est quand je suis surprise par une histoire. Rien de plus plaisant en effet que de commencer un récit qui, au premier abord, semble relativement convenu, jusqu’à ce que insidieusement commence à poindre un doute. Et si cette intrigue avait bien plus à nous révéler que ce que nous avons cru initialement ? Avec Shadows House, c’est bel et bien le cas ! Ce qui commençait comme une histoire somme toute assez mignonne (grâce à la maladresse d’Emilico), mettant en scène des tranches de vie entre un maître et son serviteur, prend progressivement une tournure inquiétante. J’ai d’ailleurs été étonnée après avoir lu le premier volume que ce manga soit considéré comme un Seinen (comprendre manga pour jeunes adultes). Ce n’est qu’un peu plus tard que j’ai compris cette classification. Le moindre élément est réfléchi en fonction du scénario et nous apporte des indices subtils sur les surprises que le lecteur découvrira au long des 7 tomes disponibles actuellement. Les dessins nous en apprennent également beaucoup, les décors, technologies et costumes inspirés de l’ère victorienne ajoutent à la lourdeur de l’ambiance. Les poupées sont dotées de grands yeux car, de la même façon qu’elles servent de miroir pour les expressions de leur maître, c’est par les yeux que se reflètent la plupart des sentiments. D’ailleurs, ne dit-on pas que les yeux sont une fenêtre sur l’âme ? À ce stade du manga, une chose est sûre : je meurs d’envie de connaître la suite et de voir ce qui va arriver à nos héros (auquel on s’attache très facilement par ailleurs).

Pour conclure…

Si, comme moi, vous aimez les mystères, les ambiances baroques et les jeux de dupes, Shadows House aura assurément de quoi vous captiver. Si on a pu commencer à entrevoir un peu plus du fonctionnement du manoir et de ce qui s’y joue, il reste encore beaucoup de zones d’ombres et il y a fort à parier que des événements inattendus viendront rebattre les cartes par la suite. Vivement la sortie du volume 8, annoncé pour le 1er juin 2022.

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