Tsugai : Daemons of the Shadow Realm – Tome 1

Vingt-deux ans après la création de son manga iconique Fullmetal Alchemist, Hiromu Arakawa revient au sein du magazine qui lui a permis de lancer sa carrière, la revue Shônen Gangan de Square Enix, avec un nouveau projet : Tsugai – Daemons of the Shadow Realm. C’est donc en parallèle de ses séries Nobles Paysans, un shōjo humoristique, et The Heroic Legend of Arslân, adapté du livre de Tanaka Yoshiki, que la mangaka lance son nouveau shōnen. C’est donc le 6 juillet 2023 que nous avons pu découvrir Tsugai chez Kurokawa, éditeur français qui adapte la plupart des œuvres de l’autrice et nous avons eu le plaisir de nous perdre dans les méandres de ce récit qui n’en est encore qu’à ses balbutiements.

"Tsugai - Daemons of the Shadow Realm" tome 1 couverture

Resident Conceal Village

Du mystère, du surnaturel, de l’aventure, une histoire de fraternité : le nouveau Hiromu Arakawa est un manga inclassable qui réserve bien des surprises ! 

Chasseur aguerri, le jeune Yuru mène une vie paisible dans un village reculé au sein des montagnes, au contact de la nature. Il prend grand soin de sa jeune sœur jumelle, Asa, recluse depuis sa naissance afin de satisfaire un rituel divin. Quand de mystérieux oiseaux de métal attaquent la cité ancestrale, les rouages du destin se mettent en marche…

Kurokawa
La naissance de "Yuru et Asa"
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

Dans Tsugai : Daemons of the Shadow Realm – Tome 1 tout commence avec Yuru et Asa, des jumeaux dont la naissance était sujette à prophétie, et qui sont devenus des adolescents bien différents l’un de l’autre. Tandis que Yuru est désormais un chasseur aguerri dont la vie est rythmée par l’aide qu’il apporte aux villageois et les visites de Dera, un marchand ambulant, Asa est quant à elle enfermée dans une cellule pour satisfaire à une sorte de rituel divin. Très proches, les deux enfants ne connaissent rien d’autres du monde que le village de paysans dans lequel ils sont nés.

"Yuru" est un talentueux chassseur
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

Tout aurait pu continuer ainsi ad vitam æternam, les deux enfants étant parfaitement contents de leur sort, si un beau jour des “dragons de fer” n’avaient débarqué dans le hameau, accompagné de soldats armés jusqu’aux dents, le mettant à feu et à sang. Yuru est alors obligé de fuir en compagnie de Dera et de deux gardiens ancestraux dont il est en fait le maître : Celui de droite et Celle de gauche. Renommés Dextre et Senestre, ces gardiens, nommés « Tsugai », sont liés à Yuru et sont aussi ignorants que lui du monde extérieur dans lequel ils doivent désormais évoluer. Ayant vu tout ce à quoi il croyait jusqu’à présent voler en éclat, l’adolescent est bien décidé à trouver des réponses à ses questions.

Les "tsugai" nommant la série vont toujours par paire
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

Qui est cette mystérieuse fille qui proclame être Asa ? À qui peut-il encore faire confiance quand ses pouvoirs semblent faire tant d’envieux ? Comment s’adapter à ce monde étrange si différent de là où il vient ? Dans sa quête de vérité, Yuru n’est certain que d’une chose, dans son combat, il pourra compter sur ces deux nouveaux compagnons et leurs puissants pouvoirs. Il faut bien le dire, il est assez difficile de résumer ce premier tome sans pour autant dévoiler l’une des nombreuses surprises du scénario. Je reste donc assez floue à dessein afin de vous laisser la joie de la découverte.

Qui est cette fille prétendant être "Asa" ?
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

Lisez un extrait de Tsugai : Daemons of the Shadow Realm – Tome 1 ici !

L’alchimiste à la cuillère d’argent

Hiromu Arakawa (de son vrai nom Hiromi Arakawa) est une mangaka japonaise. Après avoir épaulé ses parents à la ferme durant sept ans, la jeune femme se rend à Tôkyô où elle devient l’assistante de Hiroyuki ETO jusqu’à la parution en 1999 de Stray Dog, une nouvelle qui lui permet de remporter le 21th Century Gangan Award. En 2000, Hiromu Arakawa se lance dans Totsugeki tonari no Enikusu, une parodie relatant sa relation avec son éditeur, puis s’essaie à un nouveau genre avec le manga futuriste Shanghai Yômakikai (2000-2006). Néanmoins, c’est surtout pour Fullmetal Alchemist (2001), l’un des mangas les plus vendus de tous les temps au Japon, que Hiromu Arakawa est célèbre. L’œuvre connaît un succès immédiat qui lui vaut d’être adaptée en deux séries animées. Parallèlement, la mangaka s’attaque à une seconde série, Hero Tales (2007-2010), avec Huang Jin-Zhou au scénario, et se lance dans un manga autobiographique, Nobles Paysans (2009-2018). Deux ans plus tard, elle signe Silver Spoon, un manga se déroulant dans un lycée agricole. Elle mène de front depuis 2013 The Heroic Legend of Arslân, l’adaptation en manga du roman d’heroic fantasy de Yoshiki Tanaka.

Kurokawa

Hiromu Arakawa, un nom qui ne vous est certainement pas inconnu si vous vous intéressez un tant soit peu à l’univers du manga. Son chef-d’œuvre, Fullmetal Alchemist, est un concentré de tout ce qui se fait de mieux dans le genre combinant action, humour, réflexion philosophique sur la place de l’humain et sur sa capacité à rester humble en détenant le pouvoir de l’alchimie qui le propulse d’un coup quasi à égalité avec Dieu. Une intrigue fascinante qui a passionné des milliers de lecteurs au cours des quarante tomes (aussi disponibles chez Kurokawa) que dure la série. Elle est aussi une autrice polyvalente capable d’assurer dans n’importe quel style que ce soit la comédie (Silver Spoon, Nobles Paysans), le récit historique (The Heroic Legend of Arslân) ou même futuriste (Shanghai Yômakikai).

Mais quand on crée des œuvres aussi complexes que celles d’Arakawa, il faut des adaptations de qualité, ce que nous procure l’éditeur Kurokawa depuis des années. Je peux vous en parler d’expérience (étant une bonne cliente de leurs produits), d’autant que j’ai eu la chance de recevoir le kit presse de Tsugai – Daemons of the Shadow Realm avec la version collector du volume 1 qui est absolument magnifique, avec son coffret rouge et noir en deux parties contenant, en plus du recueil, un shikishi exclusif dédicacé de la dessinatrice et un médaillon en bois de très bonne facture. Certes, il est deux fois plus cher que l’édition normale, mais si vous aimez les collectors vous ne serez absolument pas déçu par celui-là.

"Dera" fait le lien entre le village et le monde extérieur
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

À l’intérieur, le papier est comme toujours de bonne qualité et bien épais et nous avons le plaisir de retrouver sous la jaquette, en guise de couverture, des extraits des croquis préparatoires de la mangaka. J’aurais une mention spéciale pour l’adaptation française effectuée par les traducteurs en charge de Tsugai, Fabien Vautrin et Maiko Okazaki, qui ont eu la lourde charge d’adapter le travail de Madame Arakawa, ce qui n’est pas peu dire quand on sait que chacun de ses mots est soigneusement choisi et qu’il faut arriver à parler au public francophone, sans pour autant perdre du sens original des dialogues.

Le village ou vit le héros semble hors du temps dans "Tsugai"
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

Une tâche qu’ils ont exécutée avec brio dans ce premier tome où l’on ressent bien les différences d’expressions des divers protagonistes, que ce soit Yuru, Dextre et Senestre, qui s’expriment de façon très littéraire du fait de leur vie au village, Hana qui utilise un vocabulaire très actuel, ou Dera qui tente de concilier les deux afin d’être compris par tous. De subtiles différences de parler, ô combien importantes et essentielles au récit, qui étant très bien adaptées ici permettent une immersion encore plus facile dans le récit.

Un héros un peu gauche qui distribue des droites

Contrairement à son ami "Danji", Yuru ne semble pas du tout avoir envie de voyager
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

Je ne vous le cacherai pas, je suis une grande fan d’Hiromu Arakawa et essentiellement de Fullmetal Alchemist, que même encore maintenant je relis régulièrement avec plaisir. Aussi quand la nouvelle est arrivée que Kurokawa allait sortir Tsugai – Daemons of the Shadow Realm en France il était hors de question que je loupe ça. Je dois avouer que dès les premières pages j’ai retrouvé le sentiment d’exaltation qui m’avait assailli à la découverte de Fullmetal Alchemist et que je n’avais pas ressenti à la lecture de Silver Spoon ou d’Arslân par exemple.

Pour protéger le village "Asa" vit recluse dans une cellule
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

Ici le principe est simple, en déroulant son intrigue du point de vue de Yuru, l’autrice place ses lecteurs dans une position d’ignorance semblable à celle du héros, qui va très vite voir tout ce qu’il tenait pour acquis et certain être totalement balayé et remis en question. Un choix très audacieux qui permet de ménager une part certaine de mystère et de tension, dans la mesure où il est complètement impossible à ce stade de se faire une opinion claire des motivations de chacun. Le lecteur se retrouve alors ballotté au gré des événements, à l’instar de l’adolescent qui n’a pas vraiment le temps de comprendre ce qu’il lui arrive tant les retournements de situation s’enchaînent.

En un instant tout bascule pour "Yuru"
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

Bien entendu, tout n’est pas sombre non plus et l’innocence de Yuru et de ses Tsugais, qui découvrent un univers qui leur est inconnu, crée des situations délicieusement comiques dont la légèreté vient contrebalancer la gravité inhérente à l’histoire, tout en, paradoxalement, la renforçant. Un savant équilibre entre violence et moment de réflexion qui fait qu’une fois ce premier tome fini on y revient encore et encore afin de traquer les moindres détails susceptibles de nous mettre sur le chemin de la vérité.

Dera n'est pas le simple "marchand itinérant" qu'il semble être au premier abord
YOMI NO TSUGAI © KUROKAWA ©2022 Hiromu Arakawa/SQUARE ENIX CO., LTD.

Une fuite en avant haletante, une nouvelle fois servie par le graphisme si particulier de la mangaka qui donne à lui seul profondeur et ambivalence palpable à son monde et à ses protagonistes. En bref, j’ai été bousculée et constamment prise à contrepieds au cours de ma lecture, mais j’ai adoré ça et l’attente pour le tome 2 de Tsugai s’en fait du coup d’autant plus difficile, celui-ci n’étant programmé que pour le mois d’octobre 2023.

Pour conclure…

Il faut bien l’avouer, Tsugai : Daemons of the Shadow Realm démarre très, très bien, en posant ses bases assez rapidement dans ce tome 1, sans pour autant manquer de consistance, ni de clarté. Il est encore un peu tôt pour se prononcer entièrement, mais Tsugai possède un léger relent de Fullmetal Alchemist de bon aloi. Ajoutez à cela la narration toujours aussi maîtrisée de la mangaka, ainsi que l’excellente adaptation française de l’éditeur Kurokawa, et vous obtenez un premier tome qui a déjà tout de la future saga culte.

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