Wind Fighters – Tome 1 à 4

Après avoir déjà édité Tinta Run, une série en quatre tomes, Glénat continue son partenariat avec Christophe Cointault en proposant à ses lecteurs la nouvelle histoire de celui-ci. C’est le 17 juin 2020 que nous avons pu découvrir Wind Fighters, un shōnen pur jus sorti de l’esprit du Loirétain, et c’est à l’occasion de la sortie du quatrième et dernier tome de la série, le 18 janvier 2023, que nous avons souhaité vous faire découvrir ce récit mettant en scène un aventurier au souffle court, mais dont l’intrigue, elle, ne s’essouffle pas.

"Wind Fighters" Affiche

Le vent dans la gueule

Aventures, bastons et panda roux bipolaire !

Le Régime fait régner l’ordre d’une main de fer. La population courbe l’échine et ceux qui osent se rebeller – les courageux aventuriers – se font rares. Pourtant, lorsqu’un jeune garçon décide de sauver sa sœur en s’opposant au terrible commissaire Bud, l’espoir renaît. Surtout si un baroudeur et un panda roux bipolaire déboulent dans le conflit… Un tel vent de liberté n’avait pas soufflé depuis les exploits de mythiques aventuriers… Les Wind Fighters !

Avec Wind Fighters, embarquez pour un tourbillon d’aventure ! Dans ce pur shōnen d’action, suivez le destin explosif de Helio et Hope, un frère et une sœur propulsés au cœur d’une rébellion et lancés à toute allure dans un monde au bord du gouffre. Wind Fighters, le manga qui ne manque pas de souffle !

Glénat
"Hélio et Hope" les héros du manga
WIND FIGHTERS © 2020 Christophe Cointault / Éditions Glénat

Dans le monde de Wind Fighters, on ne suit pas un, mais deux héros ! Hélio et Hope sont deux adolescents vivants reclus dans la montagne et qui décident un jour de descendre en ville, à Sunside plus précisément. Enfin, disons surtout que c’est Hélio qui décide de partir en balade et que sa sœur le suit. Toujours est-il que, totalement ignorant du monde, le garçon commet un vol dans une boutique de vêtements réservés aux aventuriers, provoquant l’intervention du commissaire Bud et de ses sbires du Régime. Car il faut vous expliquer que, dans le monde qui sert de théâtre aux événements de Wind Fighters, le Régime est une dictature opprimant les peuples et contre qui se dressent les aventuriers, dont les plus puissants d’entre eux sont nommés les Wind Fighters.

Le légendaire affrontement entre le"Régime" et les aventuriers
WIND FIGHTERS © 2020 Christophe Cointault / Éditions Glénat
"Hélio" un brin frimeur
WIND FIGHTERS © 2020 Christophe Cointault / Éditions Glénat

Malheureusement, ces grands héros capables de maîtriser un pouvoir phénoménal, appelé Wind, ont disparu depuis près d’un siècle. Mais leur légende survit et donne de l’espoir à tous ceux qui sont tyrannisés par le pouvoir. Mais revenons à nos ados. Alors que Bud s’en prend à Hope, Hélio, fou de rage, va libérer son pouvoir et engager le combat contre le commissaire. Mais l’affrontement va tourner court car le jeune homme s’essouffle et ne semble plus en état de continuer la lutte. Ils ne devront leur salut qu’à l’intervention de deux autres aventuriers : Billy Banjo et son compagnon de route Toaster, un panda roux totalement bipolaire. Ayant réussis à s’échapper, Billy leur explique qu’il est à la recherche d’un lieu, l’Oasis, qui cacherait les derniers Wind Fighters.

Bien que le mystère entourant ces enfants, capables de maîtriser le Wind, l’intrigue, l’aventurier s’aperçoit qu’ils n’ont aucun lien avec les héros qu’il recherche et les ramène chez eux. Pendant son absence, Bud, qui a la rancune tenace, trouve et attaque la cachette de Billy et Toaster. Ce dernier, étant resté en arrière, est laissé pour mort, provoquant la colère d’Hélio qui se rue au-devant du cadre du Régime pour venger son camarade blessé. Encore une fois, sa respiration lui joue des tours et c’est de nouveau Billy qui va le sauver.

La rencontre entre Billy Banjo et Toaster et les deux ados dans "Wind Fighters"
WIND FIGHTERS © 2020 Christophe Cointault / Éditions Glénat

En fuite, le petit groupe va trouver refuge dans une taverne où la tenancière diagnostique à Hélio une hypercardiasphyxie, une maladie du cœur qui le limite lors de l’utilisation de ses pouvoirs. C’est alors qu’ils sont attaqués par trois jeunes guerriers qui vont enlever Hope pour l’emmener dans l’Oasis. Billy, Hélio et Toaster vont donc se lancer à leur poursuite, sans se douter une seule seconde de l’odyssée qui vient de démarrer pour eux.

Découvrez un extrait de Wind Fighters – Tome 1 ici !

Le souffle du garçon

 Mangaka français né le 6 janvier 1987 à Saint-Jean-de-Braye, Loiret.

Il dessine depuis son plus jeune âge. Après un bac ES en 2006 et une année d’études à l’EESI d’Angoulême, il enchaîne sur un poste dans l’administration à Paris, à côté duquel il continue à dessiner croquis, planches de BD et autres illustrations qu’il compile dans divers blogs, aujourd’hui enterrés. Les jeux vidéo, qui ont occupé beaucoup de son temps, constituent une part importante de ses influences graphiques.

En 2011, il est le 2e lauréat au concours “jeunes talents” du festival BD de Colomiers, ce qui le décide à se lancer pleinement dans la création de sa première série : il publiera Central Yuniverse en autoédition durant trois tomes. Après un passage en atelier au sein de la Maison de la BD de Blois, il retourne travailler à domicile, avec pour objectif d’améliorer son écriture et son dessin. Parallèlement, il devient papa d’un petit garçon en 2016. Parrain du concours “Manga Loiret 2017”, il passe ensuite plusieurs mois de travail sur sa nouvelle série manga : Tinta Run, qui paraît aux éditions Glénat à partir de 2018. Après quatre tomes d’une magnifique aventure, Christophe décide de se consacrer à un nouveau shōnen, exploitant et détournant les principes fondamentaux du shōnen : Wind Fighters !

Glénat
"Christophe Cointault" le mangaka

Au-delà de ce parcours qui peut faire rêver tout frenchy aspirant mangaka, il y a une réalité plus cruelle qui explique pour beaucoup la direction et les décisions radicales qu’a prises l’auteur pour Wind Fighters. Après deux galops d’essai, l’un avec Central Yuniverse (en autoédition) et l’autre avec Tinta Run sous l’égide des Éditions Glénat, Christophe se lance dans Wind Fighters, toujours avec Glénat, et se tourne encore une fois vers ce genre qu’il affectionne tant : le shōnen. Mais dès le départ, ce projet est marqué du sceau du destin, comme le mangaka le racontera si bien lors d’une interview au Parisien. Lancé au cœur du confinement, Wind Fighters n’a pas bénéficié de l’appui d’événements pour rencontrer son public.

Pire encore, le dessinateur sort son premier volume alors qu’il est en pleine rupture et qu’il envisage d’arrêter le manga. Après avoir négocié un virage numérique, l’artiste se remet totalement en question et retrouve le goût du sport, du MMA plus précisément. Il tient son prochain récit et, afin de bien entériner son changement de direction, il va même jusqu’à prendre un nouveau pseudo : Topher. Pourquoi est-ce que j’insiste sur ces points qui concernent plus Eightfull, la prochaine œuvre de Christophe qu’il espère lancer en 2024 pour les jeux olympiques, que Wind Fighters ? Eh bien, parce qu’à mon sens tout est lié ! Je m’explique.

Hope en mauvaise posture dans "Wind Fighters"
WIND FIGHTERS © 2020 Christophe Cointault / Éditions Glénat

Il est indéniable que l’auteur maîtrise parfaitement tous les codes du shōnen, et son style graphique, notamment sur les personnages, rappelle un peu ceux de One Piece, Fairy Tail et de Dragon Ball par certains aspects. La mise en scène est efficace et les scènes de combat rythmées et toujours lisibles. Dans la forme, c’est un bon manga venu de l’hexagone, avec tous les poncifs du genre comme des personnages naïfs qui vont se révéler super puissants, le rival détestable, fier et sûr de lui, et des ennemis de plus en plus puissants à combattre. Dans le fond, on sent parfaitement dès le premier tome que l’auteur a prévu un récit long typique du genre, avec une intrigue qui va prendre son temps pour mieux tout nous faire découvrir sur son univers, ses personnages, ses mystères.

Qu’ont fait les parents d’Hélio et Hope après avoir laissé leurs enfants endormis ? Comment est né le Régime et qui est à sa tête ? Minty va-t-elle enfin avoir le courage de se battre ou continuera-t-elle à fuir ? Floyd deviendra-t-il un allié au bout du compte ? Autant de questions qui resteront sans réponses puisque le manga prend brutalement fin au quatrième tome, après la victoire de nos héros contre l’un des seigneurs du Régime. Une fin brutale et plutôt incompréhensible au vu du rythme de la narration et du sentiment d’intrigue au long cours que l’on ressent dès le début de Wind Fighters, mais qui est, à mon sens, à mettre en exergue avec les mauvais souvenirs et la prise de conscience artistique de l’auteur.

Le pouvoir d'Hélio se révèle dans "Wind Fighters"
WIND FIGHTERS © 2020 Christophe Cointault / Éditions Glénat

Pour lui, faire du shōnen à la française en copiant les maîtres japonais du genre ne fonctionne pas, et il souhaite avec Eightfull s’émanciper de ces références afin de créer enfin un “manga à la française” avec sa propre identité, et ce, en se détachant le plus vite possible de Wind Fighters qui représente tout ce dont l’artiste veut faire table rase.

Co-Hope-ration et am-Hélio-ration

Ayant en premier lieu reçu les trois premiers tomes de la série, j’ai attaqué Wind Fighters en les lisant d’une traite. J’y ai découvert un monde en proie à l’injustice où la jeune génération est prête à reprendre le flambeau de héros légendaires pour lutter contre le Régime. J’ai commencé à m’attacher à Hélio et Hope, gamins naïfs mais plein de bonne volonté, et à leurs amis et mentors rencontrés au fil des pages. J’avais hâte d’en apprendre plus sur le background de ces personnages, que ce soit Laria et son frère, Minty, Toaster … ainsi que sur l’univers en général du manga.

L'heure est aux explications dans "Wind Fighters"
WIND FIGHTERS © 2020 Christophe Cointault / Éditions Glénat

Puis le tome 4 est arrivé et je me suis de nouveau plongée dans l’intrigue, jusqu’à la dernière page où je compris qu’il n’y aurait guère de suite à Wind Fighters alors que je commençais vraiment à m’attacher à ces héros et à conjecturer certaines hypothèses sur l’intrigue, qui ne trouveront au final aucune confirmation. Cela m’a renvoyé bien des années en arrière quand j’ai découvert un autre manga nommé Flag Fighters. Bien qu’assez générique, j’avais adoré cette série qui, malheureusement, trouvait sa conclusion en plein début de tournoi par une laconique phrase qui est encore gravée dans ma mémoire : “Dix ans après ce jour précis, Reppa Kagura devenait le “véritable roi des combats”.

"Flag Fighter" un manga de Masaomi Tanzaki qui a aussi pris fin brutalement.

Même si, dans le cas présent, nous avons droit à un épilogue plus fourni raconté par Hope, j’avoue que la frustration ressentie à l’époque est du même acabit que celle que j’ai ressentie à la dernière page de Wind Fighters, en encore plus grande puisque Flag Fighters s’est terminé de cette façon à cause d’une annulation et pas d’un choix de son auteur. Si je comprends le cheminement de pensées qui ont amené Christophe Cointault à vouloir clore sa série le plus vite possible, je le déplore vivement tant il restait à dire et à faire.

De plus, au vu des déclarations du mangaka, il est fort peu probable que nous revoyions un jour les Wind Fighters revenir sur le devant de la scène, mais qui sait de quoi demain est fait. Quoi qu’il en soit, je suivrais avec attention la prochaine création de Monsieur Cointault, ne serait-ce que pour voir si elle mérite d’avoir enterré Wind Fighters pour prendre sa place.

Pour conclure…

Pour tous les férus de shōnen, Wind Fighters est un bon représentant du genre qui en plus trouve sa conclusion en quatre volumes. Enfin, sa conclusion… C’est vite dit ! En effet, le manga s’arrête pile quand les choses sérieuses commencent, laissant ses lecteurs orphelins des personnages auxquels ils commençaient réellement à s’attacher. Toutefois, si cela ne vous dérange pas, alors vous pouvez vous laisser porter (par le vent) jusqu’au monde d’Hélio et d’Hope dont l’énergie devrait vous galvaniser.

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